Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation. 1800 - 1950".

Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS

Coune Pierre

Voici un inhabituel petit pistolet de poche à la finition nickelée, en calibre 6,35 mm, doté de plaquettes claires probablement en os ou en corne ainsi que d’une sûreté. Le calibre 6,35 (ou .25 ACP), issu des recherches de l'américain John Moses Browning, fut développé à partir de 1903-1906. Le fonctionnement semi-automatique de la plupart des pistolets utilisant cette munition ainsi que leur compacité séduisirent rapidement le marché européen de l’arme de poche et firent tomber en désuétude les petits revolvers de poche à broche ou à percussion centrale comme les Bull Dogs.

Une multitude de modèles exploitant le concept furent mis sur le marché durant le premier quart du 20ème siècle, soit par de grandes firmes armurières (Webley, FN, Unique, Clément, Manufrance, Mann, etc.) soit par des artisans de plusieurs nations européennes (Belgique, Angleterre, France, Espagne) qui développèrent chacun leur propres interprétations, améliorations et variantes.

Marquages :

Perron : poinçon sur la queue de culasse, qui est le poinçon de l’inspecteur du B.E.

(Valable du 16.06.1853 à nos jours).

C sous étoile : poinçon du contrôleur, valable à partir de 1877.

PV sous lion dressé: épreuve à la poudre sans fumée (poudre vive) depuis 1898 – mais en fait depuis 1903.

ELG sur étoile dans un ovale couronné : poinçon du banc d’épreuve postérieur à 1893.

R couronné : marque de vérification des armes de poing à canons rayés : du 30 janvier 1894 au 26 février 1968.

On distingue un poinçon à l’intérieur du bloc-culasse pouvant être le chiffre 7, qui serait alors un numéro de série.

En l’absence de marquage permettant d’identifier directement le fabricant du pistolet, il a été suggéré de le comparer au modèle Vici attribué à Henrard et Discry. (voir le site à Henrard et Discry).

En effet les deux armes présentent des analogies de forme. L’équipe dispose de nombreux brevets déposés par Jean Henrard sur ce type de pistolets. Cependant leur analyse ne permet pas de retrouver la trace de ce modèle précis. Plusieurs différences  entre les deux armes sont évidentes, en particulier l’absence de glissière externe sur l’exemplaire examiné ici ainsi que son original pontet articulé dont la fonction, selon le propriétaire, est de servir à bloquer et débloquer le chargeur.

Cependant un membre de l’équipe a mis en lumière un brevet déposé à Liège par l’armurier Pierre Coune le 25 janvier 1919 (N° 278900), qui décrit « un système de pistolet automatique par déflagration de gaz à sûreté spéciale ». L’examen du descriptif de ce brevet ainsi que des schémas inclus démontrent sans équivoque que le pistolet examiné ici est un exemplaire fabriqué selon ce brevet. Les principales revendications de l’auteur portent sur :

            1. l’obturateur et le percuteur ne formant qu’une seule pièce,

            2. la sous-garde à bascule, calant à la fois le canon et le magasin,

            3. la sûreté empêchant tout déclenchement quand le magasin est enlevé.

Ces spécifications correspondent bien au pistolet considéré ici, que l’on peut donc attribuer à Pierre COUNE, armurier rue de Neuville, 114 Cheratte (1906-1919). Celui-ci déposa plusieurs brevets en Belgique :

- n° 191992 – 24/04/1906 Revolver à cylindre renversant

- n° 213904 – 01/09/1909 Système de platine de pistolet automatique

- n° 217556 – 28/06/1909 Pistolet automatique (brvt ppal n° 213904 du 01/02/1909)

- n° 278900 – 25/01/1919 Système de pistolet automatique par déflagration de gaz à sûreté spéciale.

Ce pistolet en calibre 6,35 a donc été fabriqué à Liège, postérieurement à 1919 (date du brevet) selon l’invention de l’armurier Pierre Coune. et probablement durant les années 1920. Il s’agit certainement d’une pièce d’une réelle rareté.

Anecdote :

Le calibre 6,35 a acquis une certaine notoriété dans l'histoire de France avec l'assassinat de Gaston Calmette,  rédacteur en chef du Figaro par madame Caillaux, épouse du ministre de l'Industrie, que le journal avait diffamé. Un journaliste s'exclama à l'époque : il n'y a plus de débat politique, il y a le 6,35 !

Dans l'après-midi du 16 mars 1914, Henriette Caillaux, décidée à défendre la réputation de son mari et la sienne mais épuisée nerveusement après une campagne de presse de trois mois, achète pour 55 francs chez l'armurier de la bourgeoisie Gastinne Rennette un petit  Browning modèle 1906. Après un essai au stand de l’armurier, elle se rend au journal et vide son chargeur de 6 munitions sur Calmette qui ne survivra pas à ses blessures. D’une façon qui peut surprendre de nos jours, elle fut acquittée le 28 juillet 1914.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Caillaux

Chris, Max, HPH, GP, PHL, MD, Alain

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