Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation. 1800 - 1950".

Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS

DESSARD - MERCENIER - GUYOT

Voici deux fusils à tabatière, celui du haut portant des marquages britanniques et celui du bas des marquages belges. Ces fusils ont été obtenus par transformation d'une arme réglementaire (Enfield, BSA ?) selon le système Snider.

Historique de ce système, selon la source : https://pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM40004069 :

« Bien que le fusil à percussion Enfield modèle 1853 des armées de la reine Victoria ait démontré sa fiabilité, la guerre de Crimée démontra la faiblesse des armes à chargement par la bouche, en termes de volume de tir notamment. Les Britanniques expérimentèrent alors plusieurs dispositifs permettant de convertir le fusil Enfield en arme à chargement par la culasse. Le système breveté par l'Américain Jacob Snider (1811-1866), permettant de multiplier par cinq la cadence de tir, fut finalement adopté en 1866, donnant naissance au fusil Enfield-Snider 1853/66 calibre .577. La conversion peu coûteuse proposée par Snider consistait à couper cinq centimètres du canon au tonnerre puis à fraiser une chambre où était vissé un bloc fermé par une culasse mobile portant le percuteur. La platine restait intacte tandis que le chien était légèrement désaxé. »

Fusil du haut :

On distingue une belle couronne britannique surmontant des lettres majuscules (on ne reconnaît pas l’attendu VR pour Victoria Regina, mais plutôt ER pour Edward Rex, soit Edouard VII, roi du Royaume-Uni de 1901 à 1910) derrière le chien, ainsi qu'une adresse se terminant par London devant le chien. Cependant il est curieux que la couronne soit le modèle réservé aux reines et non pas celui destiné aux rois… Ceci, ainsi que la date de production des Sniders bien antérieure à l’accession d’Edouard au trône, laisse supposer un remarquage ER par dessus VR.

 

Pour plus de détails sur les marquages britanniques, une belle étude :

https://www.tircollection.com/t31442-marquages-reglementaires-britanniques-xix-et-debut-xx-siecle-1ere-partie

https://www.tircollection.com/t31444-marquages-reglementaires-britanniques-xix-et-debut-xx-siecle-2eme-partie

Les premières lignes de l'adresse sont illisibles sur les photos fournies. Sans image supplémentaire représentant les marquages, on peut supposer qu’il s’agit peut-être d’un fusil Enfield modifié Snider.

Fusil du bas :

Celui-ci est à l’évidence d’origine liégeoise selon ses marquages. Il a été probablement conçu à partir d’une arme réglementaire difficile à identifier après les modifications (nouveau bois).

Marquages sur le bois :

NJR : probablement marquage de l’artisan Nicolas Joseph Dessard.

Nombre 208 : numéro de série ou indication pour le montage ?

Marquages sur les parties métalliques :

BF ou BE (?), B, non identifiés.

V. Dery, AC, non identifiés.

14.9 sur le canon, visiblement une  surmarque qui correspond sans doute au calibre. Rappelons que les fusils Sniders étaient chambrés en calibre .577 ce qui correspond à 14,42 mm.

EL en cursives majuscules : épreuve provisoire depuis 1853 (canons fusils).

Sur le chien centralisé apparaît une signature Mercenier Guyot qu'on retrouve sur divers revolvers et ici :

https://www.gunsinternational.com/guns-for-sale-online/shotguns/antique-shotguns---cartridge/flobert--quot-garden-gun-quot--with-take-down-feature.cfm?gun_id=101344670

S’agit-il d’une association momentanée entre ces deux artisans liégeois ?

Ce fusil semble donc être un assemblage insolite composé par plusieurs armuriers liégeois (Dessard, Mercenier et Guyot), à partir du système Snider. Il a sans doute été construit entre 1866 et la fin du 19ème siècle.

Anecdote :

Le 19 juillet 1870, la guerre Franco-Prussienne éclate. Le 1er Septembre 1870, à la bataille de Sedan l’Empereur Napoléon III est capturé ce qui provoque la chute du Second Empire. Le 4 Septembre à Paris, un Gouvernement Républicain dit "de La Défense Nationale" se met en place et décide de continuer la guerre et de chasser les Prussiens. La France manquait d’armes pour équiper ses bataillons de Mobiles de "la levée en masse" et il fut décidé d’acheter massivement tout ce qui était disponible à l’étranger. Parmi les très bonnes armes importées, on acheta en Angleterre plusieurs milliers de fusils Enfield Snider dans les versions longues et courtes. »

Chris, HPH, GP

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