Some of the most beautiful work of this craftsman, and many others, are in this book “Liège Gunmakers through their Work. 1800 - 1950”.
For more detail see: LIEGE GUNMAKERS
Joassart Gustave
Liège 19/12/1880, Sarolay (Argenteau) 04/06/1953
Pendant près de 50 ans, Gustave Joassart est resté au service de la
Fabrique nationale d’armes de guerre de Herstal. Après une quinzaine
d’années dans divers services, il en devient administrateur, directeur
adjoint puis le patron. Tout au long de ces années, il contribue au
développement, à la diversification et à l’expansion de l’entreprise en
dépit des deux guerres mondiales.
Docteur en Droit et licencié en Sciences commerciales et Consulaires de
l’Université de Liège, ce juriste, fils d’industriel, est engagé à la
FN, en 1906, au service « contentieux » dont il est le responsable, puis
est nommé secrétaire général en 1912, au moment où l’entreprise produit
son millionième pistolet Browning, tout en fabriquant des bicyclettes,
des motos et des voitures, notamment. Lors de l’invasion allemande
d’août 1914, Joassart s’engage comme soldat volontaire avant d’être
rappelé du front pour diverses missions, par le gouvernement du Havre.
Durant les années de l’occupation allemande, Gustave Joassart contribue
notamment, avec Alexandre Galopin, à aider le gouvernement français dans
la fabrication d’armes légères, et à fonder la Manufacture d’Armes de
Paris.
Après l’Armistice, l’actionnariat allemand de la FN est invité à quitter
les lieux. Agissant au nom de l’Union financière et industrielle
liégeoise, derrière laquelle se trouve un consortium de banques belges,
dont la Société Générale, Gustave Joassart – alors directeur adjoint et
commis judiciairement à l’administration de la SA – fait procéder au
rachat des actions allemandes à petit prix… Ludwig Loewe & Cie cède
toutes ses parts à l’UFI et Joassart devient administrateur de la FN,
avant de succéder en mars 1923 à Alexandre Galopin appelé à occuper de
hautes responsabilités au sein de la Société Générale de Belgique,
holding actionnaire de la FN. Après les années de guerre au cours
desquelles les Allemands orientèrent les machines vers la seule
production militaire, Galopin puis Joassart tentent à la fois de se
tourner vers le civil et de développer des produits innovants selon un
processus de fabrication standardisé : la qualité des pièces est telle
qu’elles sont interchangeables, favorisant montage et entretien des
armes. Après des années 1920 particulièrement heureuses, les années 1930
sont nettement plus délicates. Le marché civil, tant dans l’automobile
que dans l’armement, devient à ce point difficile que la FN en revient à
son activité originelle : la fabrication d’armes pour les militaires.
Patron d’une des plus importantes industries de la région liégeoise,
voire du pays wallon, Gustave Joassart est associé à divers groupements
patronaux et accède même à la présidence de certains d’entre eux comme
l’Association des Constructeurs de Liège et la Fédération des
Constructeurs de Belgique (1938). Il vient d’être nommé administrateur
de la FN quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Après avoir mis en
œuvre aussi bien que possible les plans d’avant-guerre visant à la mise
à l’abri des hommes et des machines, la FN qui a refusé de
reprendre ses activités au profit des Allemands est mise sous séquestre
dès juillet 1940 et plus de 100.000 ouvriers seront réquisitionnés par
le STO. Refusant la politique dite Galopin et notamment de présider un
Groupement des Fabrications métalliques qui aurait dû s’inscrire dans la
politique allemande, Joassart trouve refuge à Londres fin 1941, après un
long périple. De février 1942 à août 1943, il y devient sous-secrétaire
d’État à l’Aide aux réfugiés, au Travail et à la Prévoyance sociale dans
le gouvernement Pierlot. Durant tout son exil, il est associé aux
tractations conduisant à la définition de la politique économique de
l’après-guerre ainsi qu’au Pacte de sécurité sociale et en approuve les
dispositions ; à son retour au pays, il contribue à l’organisation de la
première Conférence nationale du Travail.
À la Libération, il se consacre surtout à la reconstruction des outils
de la Fabrique nationale et à la relance de ses activités. Une partie
des machines a été emportée par les Allemands, une autre détruite. C’est
la seconde fois qu’il est amené à remettre la FN sur les rails après son
occupation par les soldats allemands, et à lui permettre de retrouver
ses positions sur les marchés internationaux. Cette fois, le contexte
général est plus favorable à la politique de diversification et, à
partir de 1948, Joassart choisit d’orienter la FN vers le secteur de la
construction des moteurs d’avion, en l’occurrence avec la société
anglaise Rolls-Royce.
Pascal DELOGE, Une histoire de la Fabrique nationale de Herstal,
Liège, Céfal, 2012, p. 37, 46, 54-55, 61
Claude GAIER, dans Biographie nationale, t. XLI, col. 448-453
Ginette KURGAN, Serge JAUMAIN, Valérie MONTENS, Dictionnaire des
patrons en Belgique, Bruxelles, 1996, p. 392-393
Revue du Conseil économique wallon,
1953, n°3, p. 10 Auguste FRANCOTTE, René LALOUX (préface), Fabrique nationale d'armes de guerre. 1889-1964, Liège, Desoer, 1965
|