Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation.
1800 - 1950".
Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS
Rongé Jean-Baptiste
Revolver à percussion calibre .35.
Canon octogonal de 6".
Sur le dessus du canon, l'inscription "CAP SYSTEM MANUFACTURED BY RONGE-SON".
Divers marquages dont couronne/"R".
Pistolet entièrement gravé et des restes de nickelage. Sur le cadre à droite.
"PATENT SYSTEM". Barillet à 6 coups avec ELG et divers autres marques.
Plaquettes en résine Sûrement une réplique du Colt Model 1851 Navy.
Longueur totale: 30 cm.
Rongé Jean-Baptiste
Voici une très classique copie de revolver Colt appelé généralement « Brooklyn
Bridge » du fait de la "gravure" sur le barillet.
Un membre de l’équipe a écrit ce qui suit à propos de ces revolvers :
"Ces copies de moindre qualité ont été fabriquées par Clément, Rongé ou autres
Massinger jusqu'au début des années 1920 pour répondre à l'engouement passager
de cette époque pour les armes à percussion. Ceux-là portent des poinçons
fantaisistes genre "clefs croisées" ou A couronné, et des textes genre "American
Colt System" ou autres de la même eau. Ces copies-là ne valent que ce qu’on veut
bien y consacrer - lorsqu'elles sont en bon état, ce qui est rare. On les
appelle Brooklyn Bridge à cause de la scène de barillet.
On regroupe sous ce nom les copies de Colt Navy 1851 et Pocket 1849 fabriqués à
Liège qui se caractérisent par une scène du barillet représentant un pont
suspendu sur lequel passe un train, et quelques navires à voile et à vapeur aux
alentours . A noter que rien ne permet d'affirmer qu'il s'agisse bien du pont de
Brooklyn à New York (terminé en 1883), il lui ressemble, c'est tout.
La scène est gravée à la molette et reprend toujours le même dessin général,
avec cependant des détails différents d'un fabricant à l'autre. On ignore qui a
donné ce nom, mais il doit émaner de collectionneurs américains plus tardifs,
car il n'est repris sur aucun document liégeois connu.
Ces revolvers sont en calibre .31 et .36 (parfois
appelé .35) avec quelques rares modèles en
.44
Qualité et finition : le moins que l'on puisse dire, est que ces revolvers ont
en commun, malgré les noms parfois prestigieux de leurs fabricants, une qualité
médiocre. Acier de qualité inférieure, pièces de mécanisme et vis non trempées,
ajustage laissant à désirer. Ce qui n'a pas empêché cette "quincaillerie" de se
vendre et s'exporter pendant une quarantaine d'années...
La plupart des armes qui ont survécu sont dans un état lamentable. Une certaine
quantité nous est parvenue à l'état neuf ou presque neuf, ce qui permet de voir
à quoi ils ressemblaient. Il y a plusieurs versions : plaquées chrome ou nickel,
bleues et (faussement) jaspées, gravées ou non. Leur apparence devait attirer le
chaland car leur prix devait rester très abordable pour le plus grand nombre. Ce
qui explique la qualité moindre de l'acier, les gravures plus que médiocres et
autres défauts.
Destination et marché : on se perd en conjectures et suppositions parfois
fantaisistes. Selon certains, ce sont des armes, destinées à armer les troupes
auxiliaires dans les colonies. Cette idée est apparue en 1950 lorsqu'on a
retrouvé dans un coin de l'Arsenal de Toulon, un lot de 200 Brooklyn Bridge
(vendus et dispersés parmi les collectionneurs) tout neufs oubliés depuis 1928.
D'aucuns ont alors prétendu que ces armes provenaient d'Allemagne et étaient
destinées à la traite. Mais un examen plus approfondi a révélé qu'il s'agissait
en fait de revolvers fabriqués à Liège - et dont beaucoup ont été vendus à des
armuriers allemands avant la 1ère Guerre mondiale.
D'autres sources (plus crédibles ?) avancent l'hypothèse d'un engouement des
collectionneurs et tireurs sportifs pour les antiques armes à percussion
"Western". Eu égard au grand choix de variantes offertes par les artisans
(identifiés ou non) dans les catalogues qui nous sont parvenus - différentes
longueurs de canon ou même de barillet, plaquettes de crosse en bois, caoutchouc
dur ou en résine de copal imitant l'ivoire, finitions diverses, etc. - cette
hypothèse semble plus plausible que celle des armes de traite. De même le fait
qu'aucune trace de ces armes ne semble avoir été retrouvée en Afrique ou Asie,
va dans le même sens.
Fabricants liégeois identifiés ou non
F. Dumoulin & Co SA : Colt à piston en calibre .31 et .35, à 5 ou 6 cps en 12
finitions différentes
JB Rongé & Fils (vers 1900) les mêmes modèles avec autant de variantes (La firme
Adolf Frank de Hamburg (ALFA) les proposait dans son catalogue de 1911).
W. Schnorrenberg & Fils.
C. Clément,
A.
Masereel,
Clément &
Rongé,
Deprez
ont également fabriqué et signé des Brooklyn Bridge.
Un nombre assez important de ces revolvers ne portent aucun nom de fabricant -
chose commune à Liège - ce qui ne permet pas de les identifier, par contre, ils
présentent les mêmes dessins et marquages - ce qui peut aider à déterminer leur
fabricant en comparaison avec des exemplaires signés.
Poinçons et marquages : si certaines de ces armes arborent les poinçons
officiels du BE Liège (ELG * dans un ovale couronné et initiale de contrôleur
sous étoile, R couronné) la plupart ne portent que des poinçons fantaisistes
tels de grands A couronnés, des clefs croisées, ou ressemblant vaguement aux
poinçons d'épreuve britanniques et carrément des faux (ELG dans un cercle au
lieu d'un ovale, chiffres romains au lieu des lettres ELG, etc....
Il est permis de se demander si la qualité médiocre de ces armes leur
permettraient de résister aux "casseurs" du Banc d’Epreuves de Liège avec leur
épreuve très sévère.
Autres marquages rencontrés tout aussi fantaisistes :
ADDRESS COL. SAML NEW MODEL US PATENTED
ADDRESS COL. SAML COLT NEW YORK CITY
CAP SYSTEM MANUFACTURED BY RONGE
CAP SYSTEM PATENTED
AMERICAN COLT EXTRA
AMERICAN SYSTEM.
“
C’est bien entendu la marque
JB sur R sous
couronne qui permet d’attribuer cette
arme-ci à la manufacture d’armes
Jean-Baptiste Rongé fils,
place Saint-Jean (devenue Place Xavier Neujean) à Liège. Elle a été inscrite au
Banc d’Epreuves de Liège de 1894 à 1929. Ses activités ont été reprises par l’ARMAF
en 1929.
Quant à la question posée par le propriétaire de savoir s’il y a encore des
Rongé à Liège, oui, j’ai repéré une dame habitant Liège. Et un entrepreneur de
pompes funèbres à Boom… Mais je n’ai pas tous les annuaires de Belgique. Et cela
sort nettement de mes maigres compétences.
A noter aussi que
Rongé se prononce "Raungue" en suédois, à cause du "å" et du G qui ne se
prononce pas comme le G français. Le A couronné d'un petit cercle se prononce
comme quelque chose entre "au" et "ou" dans cette langue nordique.
GP avec l’aide de B et MC.