JOHN MOSES BROWNING

 

Lorsque JMB arrive sur Terre en 1855, beaucoup de perfectionnements armuriers existent déjà :

 

Le revolver (Colt 1835)

Le verrou à déplacement linéaire (Dreise 1837)

La cartouche métallique (Flobert 1845)

Le mécanisme à répétition des futures Winchester (Hunt 1846)

Le bloc tombant (Sharp 1848)

 

En tant que fils d’armurier (Son père a inventé et construit en 1831 une carabine à répétition) et armurier lui-même, situé à Ogden, un important carrefour de l’ouest Américain, il connaît, et a probablement entretenu ou réparé, l’ensemble des systèmes alors commercialisés…

 

Son premier brevet (carabine Browning 1878) n’est pas réellement une invention mais une ingénieuse évolution des armes Sharp à bloc tombant. (Ce faisant il répond aussi à un besoin local d’une arme puissante précise et fiable que la Sté Sharp en déconfiture ne peut plus produire)

Cette évolution consiste principalement en un armement automatique du chien (devenu central) lors de la manœuvre du bloc…mais elle montre aussi ce qui sera la caractéristique de toutes ses inventions ultérieures : Des produits faciles à fabriquer, simples à utiliser et à entretenir !

 

C’est en 1884 qu’il dépose le brevet de sa vraie première « invention ».

Partant de deux mécanismes qu’il connaît bien (le verrou à bloc tombant Sharp et le système des Winchester 1873 &1876 ) il a l’idée géniale de les « hybrider » en quelque sorte et obtient le premier système à levier de sous garde compatible avec les cartouches les plus puissantes existantes (Winchester 1886 puis, avec des mécanismes dérivés,les modèles 1892 , 1894 et 1895) dont la résistance est comparable aux meilleures armes militaires du moment (Mauser et Lebel) mais dont la capacité de feu et l’ergonomie sont incomparablement supérieures !

 

Il n’en restera pas là; son obsession est, semble t’il, déjà la répétition avant de devenir l’automatisme ce qui est d’ailleurs une suite logique !

 

En effet, il est aussi (ou avant tout ?) un chasseur de l’Ouest et l’idée d’un fusil à répétition le hante, qu’à cela ne tienne il crée dès 1887 son premier fusil à répétition et à levier de sous garde, immédiatement commercialisé par Winchester ! (Cependant son action est très différente des Winchester traditionnelles en ce sens qu’il utilise un bloc rotatif dérivé des créations de Spencer ?)

 

Mais ce système de répétition ne permet pas de « doubler »rapidement et sans désépauler sur une cible en mouvement…

Justement la firme Colt commercialise depuis 1884 une carabine à pompe dans différents calibres, le modèle Lightning, dont le principe permet justement un enchaînement rapide facile et précis des tirs….

 

Notre homme se remet à l’ouvrage et met au point le second fusil à pompe du monde (Une fois encore après le Spencer en 1882) à savoir les modèles Winchester1893  et 1897 brevetés  en 1890.

Remarque : Il avait déjà crée une petite 22 LR à pompe, brevet du 13/12/1887, qui deviendra la Winchester 1890 puis 1906.

 

C’est vers cette période qu’il se tourne vers l’automatisme strictement parlant : En1889 et 90 il crée ses premiers prototypes de mitrailleuses qui intéressent immédiatement la Sté Colt (dès 1890). Ses travaux sont confirmés par un brevet déposé en janvier 90 et accepté en 92 (avec deux autres concernant le même objet) et couronnés par la mise en fabrication (et l’adoption partielle par la Navy) de son modèle COLT 1895 surnommé « Potato digger » (« arrache patates »), par allusion au mouvement de piochage dû au piston vertical sous le canon).

 

Nota : Les premières armes qualifiées d’automatiques (je ne prends volontairement pas en compte la Gatling de 1861-1862 qui est une arme à répétition manuelle) sont issues du génie de Hiram Maxim en 1884 (premiers achats par l’armée Anglaise en 87et 89) et des travaux de la Sté Hotchkiss en 1892 (premiers essais militaires en France en 97).

Les mitrailleuses Maxim fonctionnent par court recul du canon, les mitrailleuses Browning-Colt 1895 et Hotchkiss fonctionnent pour leur part par emprunt des gaz.

 

Après les mitrailleuses, JMB semble immédiatement s’intéresser aux pistolets dits « automatiques » :

Ses premières demandes de brevet datent de1895 (sept.) et début 1896 (l’année du Mauser C96 !)

Et quelles demandes !

Quatre grands principes en même temps, dont deux sont à ce jour parfaitement d’actualité, et vont être à la source de dizaines de millions d’armes fabriquées sous licence, ou plagiées, à travers le monde.

Les voici :

- Canon fixe et culasse à déverrouillage par emprunt des gaz et piston perpendiculaire au        canon (1895).

-Canon verrouillé lors du départ principe de déverrouillage par canon tournant.

-…….idem……………………..canon monté sur biellettes et portant la partie mâle du verrou

-Canon fixe, culasse immobilisée provisoirement par sa simple inertie. (« Blow back »)

 

Le premier système n’a jamais été fabriqué en série : Prototype Browning (essayé avec succès par Colt en juillet 95) et, beaucoup plus tard, prototype de la MAS.

Le second système n’est utilisé qu’assez rarement mais donne tout à fait satisfaction. (Beretta, Unique …)

Le troisième système va donner naissance aux Colts 38 dès 1900 puis au célèbre 45 ! (Ainsi que les Mac 50, SIG Suisses, Tokarev, Radom, GP 35…etc.….)

Le quatrième, le plus simple sera aussi le plus fabriqué (En premier lieu par la FN : Modèle 1899 adopté par l’armée Belge en 1900) et le plus copié dans le monde : De l’Espagne à la Corée du nord, en passant par l’Allemagne et surtout  la Belgique, dans ce dernier pays, la fabrication se fera par la FN, sous licence, et avec le nom de « Browning », du calibre 22 au 9mm…… (22lr ; 6, 35 ; 7,65 ; 9 court ; 9 long ; 9 Para)

 

Le « naturel revenant au galop » JM Browning revient vite vers les armes de chasse et l’automatisme et met au point dès1898 (brevet de février 1900) son révolutionnaire fusil de chasse automatique, l’Auto 5. Cette arme, à la base de sa discorde avec Winchester,  sera finalement produite en un premier temps par la FN à partir de 1903 (puis à partir de 1906 par Remington aussi et ensuite quelques autres fabricants jusqu’à nos jours, et ce, en 6 millions d’exemplaires !).

 

Nota : Le probable premier fusil de chasse automatique  du monde est Français, mais il ne fut fabriqué artisanalement qu’en quelques exemplaires, dont au moins un subsiste aujourd’hui au musée de liège : Il s’agit du « Clair –éclair » des frères Clair armuriers à St Etienne (brevets de 1888, 91& 93), ses dates réelles de fabrication me sont inconnues….

Le troisième fusil automatique du monde, le Sjögren, date de 1902 et fonctionne par inertie.

 

Dans la foulée (juin 1900) et selon le même principe du long recul du canon, il crée la première carabine de grande chasse automatique du monde capable de fonctionner avec les cartouches les plus puissantes, à savoir la Remington N° 8 (puis N° 81) fabriquée à partir de 1906 (cette arme sera aussi fabriquée par la FN en Belgique)

 

Pour JMB, la période suivante (1900-1914) va surtout consister dans l’amélioration de ses systèmes d’armes :

Carabine 22LR très simplifiée  à la demande de la Sté Winchester : Modèle 1900

Fusils à pompe :           Stevens modèle 520 en 1903

                                    Remington 17 (Produit à partir de1921 sur un brevet de 1913 initialement prévu pour la FN mais empêché par la guerre)

                                   PA « Blow back » : FN 1903,1906 & 1910 -Celui de l’attentat de Sarajevo en 14- Colt 1903, Colt 1908 en 25ACP.

                                   PA à court recul (Colt 1902, 1903, 1905 et enfin «  45 »adopté en 1911 par les USA).

 

1914 et 1915 vont voir la naissance de deux nouvelles armes de sport :

- La carabine 22LR FN type A automatique (et Remington  mod.24).

- Le PA 22LR « Colt Woodsman » (dont les derniers avatars seront les FN « Challenger » et ultérieurement « Buck mark » mis au point par son petit fils, « Bruce.».

 

Mais c’est la première guerre mondiale qui va orienter de nouvelles recherches vers des armes « full-auto » susceptibles de redonner aux alliés la supériorité de feu sur les armes automatiques du Reich !

 

Ces recherches difficiles vont déboucher sur deux nouvelles mitrailleuses fonctionnant par court recul du canon, une de .30 : M17 (1917) et surtout  celle de .50 (1918) avec son nouveau calibre (50 BMG), cette dernière, sortie trop tard ne pourra pas participer au premier conflit mondial mais se rattrapera ultérieurement !

 

Il développe aussi un nouveau concept d’arme individuelle d’infanterie avec son révolutionnaire « fusil d’assaut » BAR (1917) qui participera activement à la campagne de 1918 entre les mains des « Tommies » en France !

 

Nota : La toute première expérimentation de fusil d’assaut est le FEDOROV 1916 qui n’a pas été fabriqué à plus de 3200 exemplaires et seulement semble t’il pendant la période 1920 à 1924 si l’on excepte les prototypes fabriqués de 1911 à 1913 !

 

Le principe  du BAR est un emprunt des gaz avec culasse à déverrouillage progressif et tir « culasse ouverte », pour limiter le risque d’enrayages à l’extraction  et la surchauffe du canon.

 

Cette arme extraordinaire va être fabriquée partout dans le monde (surtout dans sa version fusil-mitrailleur ) jusque dans les années 1960, modernisée et adaptée au nouveau calibre OTAN de 7,62 mm( 308Winchester ) .D’ailleurs  beaucoup de « petites » armées se servent aujourd’hui encore de cette arme ! (Nicaragua, etc.…).

 

L’après guerre va nous offrir  encore de nouvelles armes dues au génie de JMB toujours  en verve :

-         Dès les années1921 (JMB a alors 66 ans !), premiers prototypes, suite à un « concours » lancé par l’armée Française, du futur GP (ou HP) 35 : 9 Parabellum, chargeur double pile, verrouillage du canon par une rampe à la place de la biellette arrière. (la mise au point du modèle définitif sera faite par Dieudonné Saive, son disciple, à la FN)

-         1921 toujours, un canon automatique de 37 mm (modèle 9).

-         1922, carabine 22 « Trombone » (à pompe) commercialisée par la FN.

-         Enfin 1925-26- : Le merveilleux superposé semi industriel B25 (le premier ; ses rares prédécesseurs – Boss et peut être Merkel- étant strictement artisanaux !).

-         Il est toujours fabriqué à ce jour ! (les derniers « détails » seront mis au point par son fils « Val A. » lui-même armurier de renom !)

 

C’est lors de mises au point de ce dernier que la mort le surprendra au sein même de l’usine FN de Herstal.

 

Mais l’histoire des armes inventées par la famille Browning ne s’arrête pas là !

 

Un de ses fils, Val, est installé en Belgique et a été formé par JMB : Pendant la Grande Guerre il fut déjà instructeur sur le BAR…ensuite il fut associé au développement du fusil B25 dont il allait continuer la mise au point après le décès de son père.

C’est à lui que l’on doit par exemple la « mono détente » sélective de ce fusil.

Il ne va pas se contenter de terminer le travail du père mais bientôt créer lui-même une arme méconnue mais remarquable : Le « Double automatique »

Ce fusil, produit de 1952 à 1971 par la FN en 65.000 exemplaires seulement présente plusieurs particularités historiques :

-         C’est le premier automatique du monde strictement à deux coups (sans magasin)

-         C’est aussi le premier ( ?) à utiliser une carcasse en alliage à base d’aluminium avec une finition au choix dans plusieurs coloris…

-         C’est un système à court recul du canon, instantanément «  take-down »

Malgré son agrément d’utilisation il arrivait trop tôt sur le marché, à une époque où le gibier était nombreux, nul doute qu’aujourd’hui le concept serait mieux accueilli !

 

Nota : La firme Beretta vient de retenter une expérience similaire en 2007 (avec canon basculant)

 

La famille Browning, décidément prolifique, devait nous donner un nouvel inventeur en la personne de Bruce, petit fils de JMB.

Cet « héritier » de la tradition allait inventer deux armes au succès indéniable :

 

-En 1961 une nouvelle famille de PA 22 LR pour le loisir, le sport ou la compétition ; Les Browning « Nomad », « Challenger », « Médalist » ,  «150 »….etc.….dérivés du vieux Colt « Woodsman » mais offrant l’avantage de l’interchangeabilité instantanée des canons .(Dérivés de ces modèle, les « Buckmark »sont toujours en production…)

-En 1967 une extraordinaire carabine automatique de grande chasse : La « BAR », reprenant malicieusement le nom déjà réputé du FM « BAR ». Cette carabine fonctionnant par emprunt des gaz, chambrés dans la plupart des calibres modernes, est d’ailleurs toujours en production…

 

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