Armes de Poing Iconiques du Cinéma et de la Culture Pop

 

Neuvième Partie

 

« Sisters in Arms »

Petite Histoire des Femmes Badass sur les Écrans

 

Depuis leur origine les écrans, petits et grands, abondent de héros masculins en armes, qui traversent les westerns d’un pas chaloupé, les films de guerre avec bravoure et abnégation, les aventures policières et d’espionnage avec ruse, intuition et volonté. L’énumération des acteurs charismatiques et légendaires ayant campé ces héros virils, musclés, taiseux et tatoués est inabordable ! Clint, Sylvester, Arnold, Bruce, Chuck, Steven et tant d’autres mâles dominants depuis les films noirs hollywoodiens… Mais alors, où sont les femmes ??? Longtemps cantonnées dans les films d’action à des apparitions secondaires, les actrices y ont généralement alterné les rôles de pôvs’ ’tites choses à défendre ou au contraire de femmes fatales et séductrices… Et bien entendu chargées de missions considérées comme typiquement féminines, maternité et vie domestique en premier lieu… Certes, certes…

 

Cependant, le tableau évolue de façon spectaculaire à l’orée des sixties. L’évolution sociétale est en marche : les femmes revendiquent et accèdent inéluctablement à une position de plus en plus égalitaire à celle des hommes. Ce mouvement se traduit parallèlement sur les écrans par l’apparition d’un nouveau type d’héroïnes, qui délaissent le quotidien domestique pour s’engager dans des rôles d’action, souvent armés, où leur intervention devient majeure. Aucun secteur du cinéma n’ignore cette émergence de femmes puissantes, volontaires, actives et décidées : science-fiction, western, policiers, espionnage, thrillers… Le mot « badass », dérivé d’argot anglophone que l’on peut traduire par « dur à cuire », s’accorde désormais au féminin. Les femmes badass du cinéma et de la télévision sont devenues des icônes de la culture pop pour plusieurs générations, comme en attestent les nombreux produits dérivés de toute nature, dont certains illustrent cet article.

 

Nous proposons dans cet article de revenir sur quelques jalons majeurs de cette évolution, sans prétendre à l’exhaustivité du domaine ni à une quelconque thèse sociologique rigoureuse, qui serait hors de notre champ de compétence. Nous avons choisi de classer les personnages en « générations », après avoir observé que de nouveaux types d’héroïnes apparaissaient progressivement, suggérant une évolution des rôles féminins au cours du temps.

 

L’essentiel des œuvres citées provient de la production hollywoodienne et vise le grand public. De plus ne sont traités que des personnages de fiction, en excluant les héroïnes réelles (ou prétendues telles) ayant été portées à l’écran, comme par exemple Jeanne d’Arc, Calamity Jane, Bonnie Parker ou Mata Hari.

 

Génération Zéro… ou Presque ?

 

« … il faut avouer que les femmes n’aiment pas tripoter les armes à feu : l’arsenic est davantage dans leurs cordes… », selon Agatha Christie dans « L’Affaire Protheroe », 1930...

Une femme braquant une arme au cinéma avant les années 60 ? Cherchons cherchons… Ah oui, un grand personnage avec Scarlett O’Hara (Vivian Leigh) dans « Autant en Emporte le Vent » (1939) et le revolver Remington Army 1858 qu’elle utilise pour abattre un soldat de l’Union peu amical… Marlene Dietrich dans plusieurs rôles au début des années 1930 (« Agent X-27 » et « Shangai Express » de Joseph von Sternberg)… Quelques westerns comme « Rivière Rouge » (1948) où l’actrice Joanne Dru brandit un double derringer Remington puis un revolver Remington Modèle 1875.

 

 

 

Première Génération (Depuis les Années 60)

Sex-Appeal et Fantaisie

 

1961 : Emma Peel (Chapeau Melon et Bottes de Cuir). Dans cette délicieuse série télévisée « so british », l’actrice Diana Rigg campe une  aventurière délurée, assistant l’agent secret John Steed (Patrick McNee) dans ses aventures. Le duo d’acteurs fonctionne à merveille en jouant le contraste entre une Emma, femme moderne et libérée, face à un Steed digne héritier des manières distinguées et pleines d’humour de la vieille Angleterre. N’hésitons pas à y voir une métaphore de l’évolution des mœurs et de la société, particulièrement précoce en Grande-Bretagne par rapport au vieux continent au début des sixties.

 

 

 Dans la série, Emma Peel est souvent armée, soit d’un Beretta 950 Jetfire, d’un Colt SAA, ou d’un Enfield N°2. Mais elle reste surtout associée au Walther P38 qu’elle exhibe, muni d’un silencieux, dans le générique de la saison 4.

 

 

1964 : Pussy Galore (Goldfinger). Contrairement à une idée fréquemment émise, les James Bond’s girls ne sont pas toutes, loin s’en faut, des potiches écervelées et dénuées de caractère. Dès le premier opus de la franchise « James Bond 007 contre Dr No » (1962), Ursula Andress (Honey Rider) dispose d’un impressionnant couteau de pêche dont elle menace James. Elle avoue également avoir assassiné un homme l’ayant violée en plaçant une veuve noire sous ses draps. Le deuxième film « Bons Baisers de Russie » (1963) met en scène une femme au service du Spectre, Rosa Klebb, n’hésitant pas à assassiner à l’aide d’une chaussure disposant d’un aiguillon rétractable empoisonné. Mais c’est dans « Goldfinger » (1964) que se révèle l’une des JB’s girls les plus réussies, sous les traits d’Honor Blackman dans le rôle de Pussy Galore. Celle-ci épaule le criminel Goldfinger et se montre capable de dominer l’agent 007 (Sean Connery) dans plusieurs scènes. Le scénario lui suggère une attirance lesbienne envers son équipe de filles pilotes d’avion… Bien entendu, James la ramènera dans le « droit » chemin pour vaincre Goldfinger. Pussy utilise un pistolet Walther P38, mais également un revolver Smith & Wesson modèle 22 en calibre 45 ACP.

 

 

On notera les destins croisés des deux actrices citées ci-dessus : Honor Blackman fut également l’une des protagonistes de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir », tandis que Diana Rigg campa l’une des plus émouvantes JB’s girls dans « Au Service Secret de sa Majesté ».

 

1965 : Viva Maria ! Dans cette sympathique comédie-western, Louis Malle met en scène les deux icônes du cinéma français que sont Brigitte Bardot et Jeanne Moreau (Maria et Maria). Les deux personnages se rencontrent dans un music-hall où elles chantent, dansent et inventent l’effeuillage. Amoureuses du même homme, elles se rangent à ses idées pour rejoindre une cause révolutionnaire en Amérique Latine… Toutes deux se mêleront aux combats armées de Winchester Modèle 1894 et même d’un impressionnante mitrailleuse Vickers MkI.

 

 

Passer en moins de deux heures de l’effeuillage sur scène à la révolution armée n’est pas un mince exploit, peut-être y verra-t-on une parabole sur l’évolution de la position féminine dans la société ?

On retrouvera une ambiance de même nature en 2006 avec « Bandidas », où les deux actrices principales sont désormais Penelope Cruz et Salma Hayek.

 

1976 : Drôles de Dames. « Salut les filles ! Bonjour Charlie ! », réplique culte des 70’s et désormais passée dans le langage commun… Cette série au succès planétaire met en scène trois femmes issues de l’école de police de Los Angeles et engagées par une agence de détectives dirigée par un certain Charlie. Les actrices Jaclyn Smith, Kate Jackson et Farrah Fawcett y occupent les premiers rôles et accèdent à une célébrité internationale. De nombreux acteurs et actrices de tout premier plan ont été invités à participer à un ou quelques épisodes, dont Tommy Lee Jones, Kim Basinger, Tom Selleck, Sammy Davis Jr, Dean Martin, Jamie Lee Curtis, Timothy Dalton, Louis Jourdan, Christopher Lee…

Lorsqu’elles sont armées, les « Anges » brandissent en général un Smith & Wesson Bodyguard ou un Colt Detective Special, ces deux revolvers étant effectivement appropriés à l’utilisation par un(e) détective.

 

 

Si les trois filles sont dirigées par un homme, Charlie, on notera que celui-ci n’est jamais dévoilé à l’écran, mais seulement présent par sa voix ou une partie du corps (main, bras). Est-ce symbolique d’une transition ou le masculin s’efface progressivement au profit du féminin ? Ceci-dit, le titre francophone donné à la série remet les pendules machistes à l’heure, en suggérant qu’une drôle de dame n’est sans doute pas une femme « normale » ! Quel producteur ventripotent, cigare au bec, aurait imaginé donner le titre « Drôles de Messieurs » aux séries « Amicalement Vôtre » ou « L’Agence Tous Risques » ?

 

Si l’apparition de cette nouvelle catégorie de rôles féminins est notable dans les sixties, on peut remarquer qu’ils restent d’une facture légère et orientée vers le divertissement et la comédie… Comme si il ne fallait pas trop prendre au sérieux ces héroïnes, ou même si le spectacle d’une femme armée contribuait à l’empreinte comique et sexy du scénario !

Tout va changer progressivement dans les décennies suivantes, les seventies étant fortement marquées par les événements internationaux de 1968 et l’émergence des mouvements féministes identifiés comme le MLF.

 

Deuxième Génération (Depuis les Années 70)

L’Alibi de la Science-Fiction

 

1977 : Leïa Organa (Star Wars, un Nouvel Espoir). Nul besoin de résumer les intrigues et rebondissements de la saga Star Wars, dont l’incroyable succès a fait le tour du monde et franchi les générations… Dès le premier opus, le personnage de la Princesse Leïa interprétée par Carrie Fisher se place au premier rang des protagonistes. Elle prend petit à petit l’ascendant sur les deux autres premiers rôles (Luke Skywalker par Mark Hamill et Han Solo par Harrison Ford), sur lesquels elle l’emporte en stratégie et ténacité. Femme intelligente, forte et courageuse, elle n’en vient à prendre les armes que contrainte par sa conviction à devoir se lever contre la tyrannie de l’Empire. Si la saga Star Wars n’a d’autre prétention que de distraire le public, on peut voir dans le personnage de Leïa un type nouveau d’héroïne, plus grave, plus profond, plus « réaliste », qui annonce à sa manière les femmes d’action qui vont suivre, celles qui doivent se mettre en lutte pour leur survie.

 

 

Selon les épisodes, Leïa est armée de différents pistolets et fusils d’assaut, généralement dérivés d’armes réelles par l’ajout d’accessoires. On la voit souvent utiliser un pistolet semi-automatique Margolin en calibre 22LR, muni d’un silencieux.

 

 

1979: Ellen Ripley (Alien). Fini de rire ! Ce film crépusculaire qui fait date dans la filmographie de Ridley Scott et dans l’histoire du cinéma de science-fiction voit exploser à l’écran le talent de Sigourney Weaver dans le rôle d’Ellen Ripley. Confrontée à l’indicible sous la forme de l’Alien, sorte de prédateur sanguinaire et impitoyable, elle sera la seule survivante de son vaisseau, le Nostromo. Après avoir vu mourir un à un ses compagnons, sa détermination et son intelligence lui permettront de vaincre le monstre. Ellen Ripley est un caractère totalement novateur à l’époque. C’est une femme active, simple, qui travaille pour le transport intersidéral de marchandises, loin des clichés d’aventurières fantaisistes et sexy décrites ci-dessus. Elle n’en vient à combattre que par pure auto-défense, et n’éprouve aucun attrait pour cette situation. On apprendra dans le film suivant de la série, « Aliens », qu’elle a une fille, ce qui renforce sa « normalité ». Ellen est donc la première femme à la fois badass et maman de ce petit historique, caractéristique qui restera rare même par la suite.

Dans la scène finale, Ripley utilise un lance-harpon dérivé du Maressubnose pour éliminer l’Alien.

 

 

1984 : Sarah Connor (Terminator). Dans la lignée du personnage de Ripley, David Cameron met en scène Linda Hamilton interprétant le rôle de Sarah Connor dans Terminator. Dans le premier film de cette saga de Science-Fiction, Sarah est une jeune femme ordinaire menant une vie tranquille et banale entre son travail, ses amis et ses loisirs. Un robot, le Terminator, vient du futur pour l’assassiner avant qu’elle ne donne naissance à John Connor, futur leader de la Résistance aux robots. Elle sera secourue par un homme, venu également du futur, qui deviendra le père de John, et qui lui permettra de survivre aux premiers assaut du Terminator. Dans le second film, l’héroïne devenue mère est profondément changée, voire virilisée, et s’est transformée en une guerrière déterminée à protéger son fils et à tenter d’éviter une apocalypse nucléaire proche. Comme Ripley, Sarah Connor est à la fois maman et combattante par devoir de survie pour elle et pour les autres. On retrouvera une autre héroïne, Trinity (par Carrie-Anne Moss), engagée en résistance armée dans le futuriste et philosophique Matrix en 1999.

Sarah Connor manipule de nombreuses armes dans Terminator 2, dont on retiendra notamment le pistolet Detonics M1911.

 

 

Notons que dans Terminator 3 (2003), le nouveau Terminator troque l’apparence virile et musclée d’Arnold Swartzenneger ou de Robert Patrick pour la silhouette féminine de Kristanna Loken , ouvrant la voie aux gynoïdes dotées de conscience qui seront traitées plus loin.

 

Troisième Génération (Depuis les Années 90)

Des Femmes « Ordinaires » Luttant pour la Survie

 

1990 : Nikita. Dans « Nikita », Luc Besson fait émerger une catégorie totalement novatrice avec le personnage central interprété par Anne Parillaud. Délinquante et toxicomane, elle est impliquée dans le braquage sanglant d’une pharmacie. Interpellée, elle doit se soumettre à un marché qui l’oblige à devenir une tueuse pour les services secrets. Elle accomplira dans ce cadre plusieurs missions opaques et révoltantes.

Plus rien de sexy ni de positif désormais,  Nikita est une femme à la dérive confrontée à la recherche sanglante d’une rédemption inaccessible, et manipulée par un système impitoyable.

Dans le film l’héroïne utilise plusieurs armes de poing dont la plus notable est sans doute l’impressionnant pistolet Desert Eagle MkI dont on retrouve la silhouette sur les affiches et jaquettes de DVDs. Une arme de « mec », peut-être pour souligner que Nikita ne doit pas être vue comme une « femme armée », mais simplement comme un « agent secret armé ».

 

 

1991 : Thelma et Louise. Plus de métaphore désormais… On ne se rebelle plus contre un monstre, un robot, une étoile noire ou un système, mais bien contre l’oppression et la violence masculines exercées envers les femmes. Dans ce Road-Movie de Ridley Scott, Thelma et Louise (respectivement interprétées par Geena Davis et Susan Sarandon) sont deux femmes de la middle-class américaine qui décident de partir en week-end pour échapper quelques temps à leur vie banale et soumise. Lors du voyage, une tentative de viol sur un parking contraint Louise à abattre le criminel. Dans leur fuite vers le Mexique, elles sont ensuite confrontées à des hommes qui les dépouillent de leur argent, les insultent ou les menacent. Après une tentative de braquage de banque, elle finiront par choisir le suicide en se jetant dans un précipice du grand canyon de l’Arizona, signant ainsi un dramatique constat d’échec. C’est avec un revolver Colt Detective Special que les deux héroïnes accompagnent leur périple désespéré.

 

 

Quel chemin parcouru depuis le début des sixties, de la gentille comédie sexy et familiale aux films réalistes,

 dramatiques et accusateurs comme « Nikita » ou « Thelma et Louise » !

 

1997 : Jackie Brown. La remarquable actrice Pam Grier trouve enfin un rôle à la mesure de son talent grâce à Quentin Tarantino dans « Jackie Brown ». Hôtesse de l’air dans une compagnie aérienne de seconde zone, elle arrondit ses revenus en servant de passeuse pour un truand. Après une interpellation, elle est contrainte de devenir informatrice pour la police. Elle monte alors un subtil stratagème pour échapper à la police, au parrain qui cherche à l’éliminer, et pour s’emparer d’une somme importante que les autorités lui ont confiée afin de piéger les trafiquants. Tout finira bien pour elle, grâce entre autres au Colt Detective Special qui la tire d’affaire à l’occasion...

 

 

Quatrième Génération (Depuis les Années 90)

Le Choix des Armes :Policières et Espionnes

 

1991 : Clarice Starling (Le Silence des Agneaux). Jeune agent du FBI, Clarice Starling est propulsée vers une enquête sur un tueur en série psychopathe particulièrement dérangé… Afin de l’aider à percevoir autant que possible la personnalité du tueur, elle se rapproche de l’épouvantable Dr Hannibal Lecter. Ce rôle lancera la carrière de Jodie Foster dont le face à face, mêlant répulsion et fascination empathique, avec Anthony Hopkins dans le rôle du Dr Lecter est un sommet dans l’histoire des thrillers au cinéma.

La détective utilise tout naturellement un revolver Smith & Wesson Modèle 13 qui était l’arme réglementaire du FBI à cette époque.

 

 

1993 : Dana Scully (X-Files). La série X-Files, une légende pour les adolescents des années 1990, permit à ses deux acteurs vedettes (Gillian Anderson et David Duchovny) d’acquérir une célébrité internationale. L’agent du FBI Dana Scully est missionnée pour rejoindre une unité spéciale de la grande maison auprès de l’agent Fox Mulder. On demande à Scully de surveiller les actes de Mulder qui, obsédé par ses recherches sur le paranormal et les OVNIs, manque de discernement selon sa hiérarchie… Tiens, tiens, c’est donc à une femme que l’on demande de surveiller un homme… Le duo connaîtra nombre d’aventures et de péripéties alternant entre le fantastique, la science-fiction et la pure comédie dans certains épisodes. Souvent contrainte à dégainer, Dana Scully porte un Walther PPK comme arme de poing.

 

 

2002 : Giacinta Johnson « Jinx » (Meurs un Autre Jour). Pour le 20ème opus de la saga James Bond, ainsi que le 40ème anniversaire du premier film de la série, c’est Halle Berry qui a la charge d’endosser un des meilleurs rôles de James Bond’s Girl. Elle incarne l’agent Johnson, surnommée Jinx (La Poisse). Travaillant pour la NSA, elle traque les mêmes criminels que James (Pierce Brosnan) et l’épaule dans sa mission (et réciproquement!). Intelligente et perspicace, espiègle, c’est une femme au passé aussi riche que compliqué, selon ses propres dires. Son arme de poing favorite est un Beretta Cheetah en calibre 380 ACP qu’elle utilise parfois muni d’un silencieux.

 

 

 

 

On peut noter que dans les quatre films où Pierce Brosnan campe l’agent 007, il partage l’affiche avec des actrices renommées dans des rôles de femmes badass qui auraient également méritées d’être citées : Natalya Simonova (par Izabella Scorupco dans « Goldeneye » en 1995), Wai Lin (par Michelle Yeoh dans « Demain ne Meurt Jamais » en 1997), Elektra King (par Sophie Marceau dans « Le Monde ne Suffit Pas » en 1999) et Jinx comme noté ci-dessus… Et son patron est désormais une patronne : c’est Judi Dench qui endosse le personnage de M, et qui lui reproche son machisme particulièrement daté !

 

C’est également dans les années 1990 qu’apparaissent les femmes militaires avec par exemple Demi Moore dans « A Armes Égales » de Ridley Scott en 1997.

 

 

Cinquième Génération (depuis les années 2000)

Héroïnes Trash et Extrêmes

 

2000 : Nadine et Manu (Baise-Moi). Sortons les anglicismes : trash, destroy, hardcore, tel est le film de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi. Dans une sorte de « Thelma et Louise » sans tabou, deux jeunes femmes, Nadine et Manu (campées respectivement par Karen Bach et Raffaëla Anderson), s’engagent dans un périple sanglant et déjanté. Même si leur vécu a connu la violence et un quotidien précaire, les héroïnes ne cherchent ni explication ni excuse à leurs crimes, elles assument leur défonce à tendance psychopathique… Le film alterne les scènes de sexe explicite avec les séquences de violence extrême et parfois gratuite, ce qui lui a valu censure et critiques à sa sortie. Souvent discuté pour sa qualité artistique, « Baise-Moi » reste un OVNI cinématographique à l’allure de grande claque pour le moins dérangeante. De nombreuses armes de poing sont utilisées par Nadine et Manu : Ruger, Glock, Beretta, Walther, Smith & Wesson… Un véritable catalogue d’armurier en ce début de 21ème siècle !

 

2003 : Beatrix Kiddo « La Mariée » (Kill Bill).  Beatrix Kiddo, sous les trait d’Uma Thurman, après avoir appartenu à un gang de tueuses à gage sous la direction d’un certain Bill, décide de quitter le métier et de se ranger. Enceinte, elle prépare son mariage quand Bill et ses acolytes viennent assassiner l’assemblée et la laissent pour morte. Elle survit, sort de son coma, et s’engage dans une quête vengeresse dont le titre du film indique la finalité ! Quentin Tarantino délivre une apocalyptique accumulation de scènes de violence où des cataractes sanglantes éclaboussent les écrans, dans une orgie de cruauté : membres coupés, héroïne enterrée vivante, amoncellement de cadavres et geysers d’hémoglobine… Qu’on aime ou pas, les deux volumes de « Kill Bill » comprennent des scènes d’anthologie qui marquent le cinéma d’action du 21ème siècle et propulsent Uma Thurman au rang d’icône !

Bien que son arme fétiche soit un sabre japonais fabriqué spécialement pour elle, Beatrix ne rechigne pas à se défendre avec un pistolet Star Firestar M-45.

 

 

2009 : Lisbeth Salander (Millenium). Si l’on ignorait que le personnage de Lisbeth Salander provient de l’imagination du romancier suédois Stig Larsson, on pourrait penser que le rôle a été créé pour Noomi Rapace, tant celle-ci épouse le caractère de l’héroïne et éclabousse de son talent les trois films de la saga « Millenium ». Lisbeth, jeune femme au passé douloureux, est devenue une hackeuse du plus haut niveau qui travaille pour une agence. Au cours de ses recherches, elle est amenée à s’intéresser à l’enquête d’un journaliste sur la disparition d’une jeune fille survenue 44 ans plus tôt. Son destin la force à se rebeller contre les hommes qui s’acharnent sur elle : brutalité paternelle, viol par son tuteur légal, torture morale par son psychiatre, tentative de meurtre par son propre frère. Lisbeth ne baissera jamais la garde et saura survivre… Personnage féminin très original et atypique, d’une intelligence supérieure, au look dérangeant, à la fois mutique et sentimentale, Lisbeth Salander est un caractère marquant de l’histoire du thriller sur les écrans. Même si elle est amenée à utiliser des armes de poing (Beretta 92 et Colt Python), elle n’est jamais aussi redoutable qu’avec un smartphone ou un ordinateur portable !

 

Les Gynoïdes Badass (Depuis les Années 1980)

La Quête de la Conscience et du Libre-Arbitre

 

Les avancées technologiques ont renouvelé le mythe de la créature du Dr Frankenstein avec l’apparition des robots humanoïdes. Ceux-ci peuvent se retourner contre leurs créateurs, dans une vision judéo-chrétienne voulant que nul ne puisse créer la vie hors le souffle divin, mais ils participent principalement à une réflexion philosophique sur la conscience et l’humanité, thème qu’ils partagent avec les fictions sur l’intelligence artificielle. On notera que certains de ces humanoïdes ont un aspect délibérément féminin, en écho au robot de « Metropolis » du génial Fritz Lang (1927). Ces nouvelles gynoïdes sont aux premières loges dans la quête du moi : à partir de quand passe-t-on du rang de quelque chose à celui de quelqu’un ? Doit-on y voir une métaphore du questionnement des femmes sur leur place dans la société ?

Sans détailler ces cyber-héroïnes qui sont à la limite de notre étude, puisque non-humaines par essence sinon par leur devenir intime, on peut citer quelques personnages majeurs :

- Zhora « Miss Salomé », une réplicante dans le chef-d’oeuvre « Blade Runner » (par Joanna Cassidy, 1982)

- Call dans « Alien 4 » (par Winona Ryder, 1997)

- Les femmes-cylons de « Battlestar Galactica » (2004)

- Dolores Abernathy dans l’exceptionnelle série « Westworld » (par Evan Rachel Wood, 2016)

- Motoko Kusagani « Major » dans « Ghost in the Shell » (par Scarlett Johansson, 2017).

 

 

 

Si certains pensent que la femme est l’avenir de l’homme, quand d’autres estiment que c’est le robot… les gynoïdes ont toutes les chances d’obtenir la première place !

 

 

 

Conclusion

La Déferlante (Depuis les Années 2010)

 

Les deux dernières décennies on vu déferler les héroïnes badass sur les écrans, ce qui peut même parfois s’assimiler à un cliché. Peut-on encore tourner un film ou une série d’action sans au moins un personnage féminin armé, déterminé et ne reculant pas devant la violence ? Policières, militaires, criminelles, espionnes, vengeresses sont légion. Doit-on y voir une réelle montée en puissance des rôles féminins ou une soumission culturelle de l’industrie cinématographique au politiquement correct ? Les deux sans doute…

Evelyn Salt (par Angelina Jolie dans « Salt », 2010), Arya Stark (par Maisie Williams dans « Game of Thrones », 2011), Katniss Everdeen « Le Geai Moqueur » (par Jennifer Lawrence dans « Hunger Games », 2012), Clarke Griffin (par Eliza Taylor dans « Les 100 », 2014), Lucy Miller (par Scarlett Johansson dans « Lucy », 2014), Rey (par Daisy Ridley dans « Star Wars – Le Réveil de la Force », 2015), Furiosa (par Charlize Theron dans « Mad Max : Fury Road », 2015), et tant d’autres…

Bien entendu, aucune de ces héroïnes passées ou actuelles ne représente la réalité d’une quelconque condition féminine. Dans les films et séries d’action, peu d’entre elles ont une véritable crédibilité et quelle authentique femme peut s’y retrouver ? Mais en réciproque, quel homme ordinaire (et sensé) peut se reconnaître en l’Inspecteur Harry, en Rambo ou en Batman ? Le cinéma et la télévision, dans le cadre et les codes hollywoodiens concernant les fictions d’action, visent principalement le divertissement et le profit. Leur logique première est de satisfaire et distraire le spectateur, rarement de le faire réfléchir. Néanmoins, l’évolution des rôles féminins est manifeste depuis l’après-guerre, mais il serait bien imprudent d’en tirer un quelconque message…

Tout ça n’est que du cinéma ! Clap de fin.

 

Index des œuvres citées, par ordre d’entrée dans le manuscrit

 

 

Autant en Emporte le Vent, de Victor Fleming, 1939

 

Agent X-27, de Joseph von Sternberg, 1931

 

Shangai Express, de Joseph von Sternberg, 1932

 

Rivière Rouge, de Howard Hawks et Arthur Rosson, 1948

 

Chapeau Melon et Bottes de Cuir, de Sydney Newman, 161 épisodes de 1961 à 1969

 

James Bond 007 contre Dr No, de Terence Young, 1962

 

Bons Baisers de Russie, de Terence Young, 1963

 

Goldfinger, de Guy Hamilton, 1964

 

Au Service Secret de sa Majesté, de Peter Hunt, 1969

 

Viva Maria !, de Louis Malle, 1965

 

Bandidas, de Joachim Rønning et Espen Sandberg, 2006

 

Drôles de Dames, de Ivan Goff et Ben Roberts, 116 épisodes de 1976 à 1981

 

Amicalement Vôtre, de Robert S. Baker, 24 épisodes de 1971 à 1972

 

L’Agence Tous Risques, de Frank Lupo et Stephen J. Cannell, 98 épisodes de 1983 à 1987

 

Star Wars, un Nouvel Espoir, de George Lucas, 1977

 

Alien, le Huitième Passager, de Ridley Scott, 1979

 

Aliens, le Retour, de James Cameron, 1986

 

Terminator, de James Cameron, 1984

 

Terminator 2 : Le Jugement Dernier, de James Cameron, 1991

 

Matrix, des frères Wachowski, 1999

 

Terminator 3 : Le Soulèvement des Machines, de Jonathan Mostow, 2003

 

Nikita, de Luc Besson, 1990

 

Thelma et Louise, de Ridley Scott, 1991

 

Jackie Brown, de Quentin Tarantino, 1997

 

Le Silence des Agneaux, de Jonathan Demme, 1991

 

X-Files, de Chris Carter, 217 épisodes de 1993 à 2018

 

Meurs un autre jour, de Lee Tamahori, 2002

 

Goldeneye, de Martin Campbell, 1995

 

Demain ne Meurt Jamais, de Roger Spottiswoode, 1997

 

Le Monde ne Suffit Pas, de Michael Apted, 1999

 

A Armes Égales, de Ridley Scott, 1997

 

Baise-Moi, de Virginie Despentes et Coralie Trinh Thi, 2000

 

Kill Bill, de Quentin Tarantino, 2003 et 2004

 

Millenium, de Niels Arden Oplev, 2009

 

Metropolis, de Fritz Lang, 1927

 

Blade Runner, de Ridley Scott, 1982

 

Alien 4, la Résurrection, de Jean-Pierre Jeunet, 1997

 

Battlestar Galactica, de Ronald D. Moore, 73 épisodes de 2004 à 2009

 

Westworld, de Jonathan Nolan et Lisa Joy, 36 épisodes de 2016 à 2022

 

Ghost in the Shell, de Rupert Sanders, 2017

 

Salt, de Philip Noyce, 2010

 

Game of Thrones, de David Benioff et D. B. Weiss, 73 épisodes de 2011 à 2019

 

Hunger Games, de Gary Ross, 2012

 

Les 100, de Jason Rothenberg, 42 épisodes de 2014 à 2020

 

Lucy, de Luc Besson, 2014

Star Wars : Le Réveil de la Force, de J. J. Abrams, 2015

Mad Max : Fury Road, de George Miller, 2015

 

Remerciements

 

Tout d’abord à Marie-Danielle Demélas pour ses relectures, remarques critiques et suggestions ayant permis à l’auteur d’améliorer son manuscrit et d’éviter quelques égarements.

 

Un grand merci à la Société Lulu-Berlu, distributeur de jouets et objets vintage pour avoir aimablement autorisé la reproduction d’articles figurant sur son site https://www.lulu-berlu.com/.

 

Thanks to Captain Coder, https://www.figurerealm.com/, for allowing reproduction of photos from his website.

  

Pour en Savoir Plus

 

Pour éviter tout risque de litige sur les droits de reproduction, nous avons choisi (à regret) de ne pas représenter d’images, d’affiches ou de photos d’acteurs des films cités, hormis les portraits philatéliques et les figurines dérivées. Cependant, le site spécialisé « Internet Movie Firearms Database » permet d’accéder à des milliers d’informations dans ce domaine :

https://www.imfdb.org/wiki/Main_Page

 

Pour les biographies des personnes citées et toutes les informations sur les films :

https://www.wikipedia.org/

 

Jean-Christophe Plaquevent

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