YELLOW SUBMARINE  ?

Vittorio Mangiarotti, fecit

C’est une histoire folle de la première guerre mondiale.  Monument à la stupidité humaine, et pas des moindres.  Comme il fut édifié par les gagnants on en parle peu, presque pas.  Ca risquerait de mettre du désordre dans la carte des fast-foods culturels et historiques.

Voilà le résume d’une aventure qui, en absence du nombre important de ses victimes, pourrait  faire l’objet d’une comédie exhilarante.

Au cours de l’été 1915, l’Amirauté britannique décide de se doter d’un nouveau type de submersible qui ne serait plus seulement une machine à détruire du navire marchand, mais aussi une unité capable de tenir sa place dans une bataille navale de surface.

Naquirent ainsi les K-boats, sous-marins à vapeur, absurdes hybrides, redoutablement efficaces….contre leur propre équipage.

De 1915 à 1918, 270 marins britanniques payèrent de leur vie l’obstination forcenée de leurs chefs, sans avoir été une seule fois engagés au combat.

Avec ses cent mètres de long, le K-boat pesait plus lourd que le plus gros des destroyers. Alors que la seule défense d’un sous-marin était une plongée rapide (env. 90 sec.), il fallait plus de cinq minutes au malheureux équipage du K-boat pour : couper la vapeur, noyer les chaudières, coucher les deux cheminées et verrouiller neuf portes étanches.

Ce n’était que le commencement des problèmes. Une fois en plongée, ce monstre s’avérait extrêmement instable. La moindre erreur le déséquilibrait en l’envoyant par le fond.  D’ou une série de désastres bibliques.  Le K13, coulé dans un loch écossais : 32 morts. Le K2, incendie à bord lors de la première plongée et sauvé de justesse. Le K8 coulé en essai, parmi les survivants le futur roi Georges VI, alors midship.  Le K4, échoué.  Le K5 disparu, avec ses 57 hommes d’équipage durant un exercice. Le K6, coulé dans son chantier de construction. Le K14, sauvé de justesse avant de sombrer…dans le port !

L’amirauté serre les dents, l’honneur de l’Empire est en jeu.

Au soir du 31 janvier 1918, c’est le premier (et ultime) exercice en commun avec la flotte de sa Majesté.

 

En moins de deux heures, dans le « firth of Forth », le désastre est homérique. Des le départ, le K14 est coulé par le K22.  Le croiseur HMS Inflexible accouru sur les lieux, aborde et coule le K22 (ça lui apprendra, tiens).  Venu à son tour à la rescousse, le HMS Fearless envoie le K17 par le fond. Le K3 est coulé par le K2, le K7 éperonne le K17 en train de sombrer et, dans un élan de solidarité, coule lui même.

On assiste à un hallucinant ballet nautique, une pharaonique partie de quilles navales : un navire ne cherchant à esquiver l’autre que pour bousculer le troisième, lui même en détresse, dans la confusion la plus totale.

Le soleil se couche sur la scène du désastre et sur les rêves fous de l’Amirauté.       Le sinistre sous-marin à vapeur a vécu.

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