OUTILLAGE UTILISE POUR LA RESTAURATION
Comme dit précédemment, je ne suis pas professionnel, et je n'ai jamais appris à me servir d'aucun outillage spécialisé. Je n'utilise donc que des outils courants, à la portée de n'importe qui.
Quel usage aurais-je, en effet, d'outils spécifiques, si je ne sais pas comment m'en servir ?
Je cite et décris donc ci-dessous le matériel que j'utilise pour les restaurations que j'effectue. Il s'agit d'un minimum nécessaire, auquel tout un chacun peut ajouter ce qu'il veut selon ses besoins ou capacités.
Atelier
Personnellement j'utilise un coin du garage, dans lequel j'ai installé un vieux bahut dont j'ai renforcé la tablette, et dans lequel je range une partie de mon matériel.
N'ayant pas de fenêtre directe à cet endroit, j'éclaire ma table de travail avec une lampe halogène de 150 watts.
Outils divers
- Un lot de bons tournevis: j'utilise de préférence des tournevis d'électricien, de bonne qualité. Afin d'éviter tout dégâts aux vis, il est important de pouvoir utiliser un tournevis épousant exactement la fente de celle-ci. Au besoin on peut même meuler la tête du tournevis à la bonne mesure. Il existe également des tournevis à têtes interchangeables qui sont excellents.
- Un jeu de pinces à bec plat et à bec fin, de préférence de tailles différentes. Ici aussi, une bonne qualité est préférable.
- Deux ou trois scies à métaux de tailles différentes
- Un étau de bonne taille, tournant ou non, que l'on équipera de mordaches de plomb ou de cuir pour ne pas abîmer les pièces. Pour ma part je possède trois ou quatre étaux de tailles différentes, dont le plus gros est aussi équipé d'une petite enclume, qui vient souvent à point.
- Trois ou quatre limes à métal, de bonne qualité et de profil différent: plate, courbe, triangulaire et ronde.
- Un jeu de filières et de tarauds de bonne qualité
- Une lampe à souder à gaz, éventuellement un chalumeau oxhydrique (pas indispensable)
- Un jeu de limes suisses, encore appelées "limes de Genève" ou "limes de Berne" (voir photo). Ces petites limes sont d'excellente qualité et permettent un travail très précis. Elles sont également utilisées en horlogerie. Elles se vendent par pièce ou en set, et ne sont pas bon marché; mais elles valent la dépense. Pour ma part j'ai eu la chance d'en trouver un set complet dans une brocante. Je suppose qu'on les appelle ainsi parce qu'elles sont faites en Suisse et utilisées par les horlogers.
- Une ou deux râpes et un jeu de limes pour le travail du bois - ce ne sont pas les mêmes.
- Une ou deux scies à bois fines
- Un ou deux compas à mesurer
- Un pied à coulisse
- Quelques serre-joints
- Un lot de feuilles de papier émeri, allant du 400 au 1000. Pour le travail fin, j'utilise de ce papier noir à grain très fin que les carrossiers utilisent. On peut le mouiller d'eau ou d'huile pour atténuer sa dureté.
- Une perceuse électrique petit modèle, et une perceuse à main, avec un lot de bonnes mèches à métal et à bois. Prévoir des mèches à métal de 3.5 mm et plus fines en réserve, ça casse facilement. On peut aussi se procurer des mèches au cobalt; elles percent n'importe quel acier, mais elles sont très onéreuses. Et elles cassent aussi...
- De la laine d'acier fine.
- Un disque de polissage à métaux. On choisira de préférence les disques constitués d'épaisseurs de tissu. Le feutre est bon mais pas suffisamment souple pour aller dans les petits coins. On ajoutera un bloc de pâte à polir
- Un lot de chiffons, de préférence du coton.
- Pour le polissage de certains bois, un bloc de bois dur (noyer par ex)
- Un lot de ciseaux à bois à profils divers et un petit maillet
- De l'huile de lin, du pétrole lampant, de l'esprit de sel et de l'huile moteur. On ajoutera aussi de l'huile pénétrante et une bombonne d'huile pour l'entretien des armes, genre Legia ou Ballistol.
- Une ou deux baguettes d'acier à ressort non recuit. J'expliquerai en détail comment réaliser ces ressorts à lame ou en V.
On peut aussi utiliser, comme moi, des ressorts de récupération. J'ai ainsi récupéré une section de ressort d'une vieille horloge d'église. Qualité extra, mais bien entendu cet acier est déjà trempé, donc impossible à travailler sans détrempe préalable. La façon de procéder sera également expliquée plus loin. L' acier à ressorts se trouve chez les marchands de métaux.
Très utile aussi sont les ressorts en spirale provenant de vieux réveils. Ils conviennent parfaitement pour la confection de petits ressorts, par exemple les ressorts de maintien de doigts élévateurs.
Pour l'électrolyse
- Un récipient en plastique ou en matière non conductrice de courant
- Un chargeur de batterie 6 ou 12 volts, et éventuellement une batterie de voiture
- du fer à béton ou du cuivre (par ex tuyau sanitaire)
- 5 litres d'eau distillée
- De la soude caustique en cristaux (produit commun de débouchage de tuyauterie)
L'anode, ou électrode positive, est constituée chez moi par un morceau de tuyau de cuivre fixé par une vis dans un coin de mon récipient. Sur la vis de fixation vient se brancher la borne + du chargeur de batterie. Certains diront qu'il est préférable d'enrouler l'anode en spirale tout autour de la cuve; c'est possible, mais je n'ai pas de problème avec mon système.
SE RAPPELER que l'électrolyse rend les ressorts faibles et cassants.
La cathode, ou électrode négative, est en fait constituée par la pièce à traiter. Je suspends cette pièce à un crochet de cuivre dans la cuve, en prenant bien soin qu'elle ne touche pas l'anode. J'utilise une planchette percée d'un trou par lequel passe mon crochet en cuivre, qui est branché sur la borne - du chargeur. (voir photos)
L'électrolyte, ou liquide à électrolyse, est constitué de 5 litres d'eau distillée, dans laquelle j'ai dissous 250 gr de soude caustique en paillettes (50 gr par litre).
Mon système ayant parfois tendance à chauffer, ce qui déclenche le fusible de sécurité du chargeur, j'intercale parfois, sur le fil négatif, une vieille batterie de voiture, en faisant passer le courant de la borne - du chargeur à la borne - de la batterie, puis de la borne + de la batterie à la cathode.
Je m'assure que la pièce est bien immergée, puis je branche le courant. La réaction démarre lentement et peut durer selon les cas de plusieurs heures à plusieurs jours.
Il est à conseiller de l'effectuer dans un local bien ventilé ou à l'extérieur, les gaz libérés par l'électrolyse étant explosifs. L'électrolyse ne détruit que la rouille; il ne faut donc pas craindre "d'aller trop loin". On sort la pièce de temps en temps et on la brosse sous un jet d'eau claire pour vérifier l'évolution. La pièce sortie du bain est couverte d'une boue noirâtre qui est de la rouille ramollie, et qui s'enlève facilement. Le fond de la cuve recueille lui aussi une "matte" de rouille.
Une fois dérouillée, la pièce est lavée abondamment et séchée. La rouille a disparu des moindres recoins, mais les dégâts tels que trous etc, sont toujours là.
Le bain peut être réutilisé une ou deux fois après filtrage.
Le système est bon marché et très efficace.
Pour les amateurs au compte en banque bien garni, il existe également des appareils de dérouillage à ultrasons.
Pour le rebronzage
Comme je l'ai dit, je rebronze à la chaleur.
J'ai un petit réchaud "Camping Gaz" à deux becs, qui fait parfaitement l'affaire. Afin d'obtenir une bonne répartition de la chaleur, je place la pièce dans un petit "four", qui dans mon cas est constitué d'une vieille forme à pain en acier, que je couvre d'un morceau de tôle. Je chauffe 10 minutes puis je sors les pièces et les plonge dans de l'huile de moteur. Je les sors de l'huile après 5 min, encore chaudes, j'essuie l'huile et je lave les pièces à l'eau chaude additionnée de détergent (vaisselle), et je recommence cette opération 2 fois. Il est rare que je n'obtienne pas de bons résultats, encore que la couleur obtenue soit tributaire de la qualité de l'acier dans lequel la pièce est faite. Si elle s'avère trop claire au premier tour, je frictionne la pièce avec du graphite en poudre.
Une variante du four est le bain de sable. On remplit le récipient de sable fin, dans lequel on plonge la pièce à bleuir. Laisser une petite portion de la pièce visible pour vérifier l'évolution. Bien rincer après pour éliminer tout le sable.
Bleuir à la flamme
Cette pratique est appliquée aux vis, chiens, détentes et autres petites pièces, plus rarement à une carcasse complète. Elle donne un bleu profond, irisé de reflets allant du bleu clair au violet. Les pièces sont placées sur un morceau de tôle sur le feu, et chauffées jusqu'à l'apparition de la couleur "pelure d'oignon". Ensuite le feu est éteint et on laisse le tout refroidir. Au refroidissement, les pièces acquièrent cette couleur bleue irisée. Très joli, mais les pièces doivent être polies "miroir" au préalable.
J'ai vu plusieurs petits "puppy" en 5 mm bleuis de cette façon, c'est très joli, mais pas applicables aux armes plus grandes.
Le jaspage
C'est une trempe qui provoque en surface des couleurs changeantes, allant du champagne au bleu en passant par le vert. Elle nécessite des produits hautement toxiques comme le cyanure de potassium, et donc hors de portée de l'amateur. Il semble qu'il existe des liqueurs permettant de la réaliser - on enduit la pièce puis on chauffe de manière irrégulière au chalumeau - mais je n'ai jamais essayé. En cas de besoin, je m'adresse à un atelier spécialisé (pas bon marché).
Voilà, avec cet attirail, un peu de documentation et de bon sens on peut déjà faire pas mal.
J'ajouterai aussi une bonne réserve de clous, vis en tous genres, et reliquats d'armes cassées. Tout peut servir.
Marcel