Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation. 1800 - 1950".
Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS
Dery Jean Michel
Voici un revolver hammerless, copie d’un Smith & Wesson "top break", de
fabrication liégeoise. Longue détente repliable pour deux doigts. Cinq coups,
plus que vraisemblablement en calibre .380 à en juger par le 380 côté gauche.
Crosse en bec de corbin.
Voici ce qu’en dit un membre de l’équipe :
« Les revolvers S&W 3rd Model "topbreak" ont eu beaucoup de succès dès leur
sortie en 1870, tout comme les Webley et autres Enfield anglais au système
analogue, qui a été spécialement développé pour les cavaliers. Le système permet
non seulement un contrôle instantané des munitions, mais aussi une expulsion
rapide de toutes les douilles vides d'un simple geste grâce à l'extracteur en
étoile, ainsi qu'un rechargement plus facile et bien plus rapide qu'avec un
revolver à barillet fixe.
Surtout à dos de cheval avec les doigts gourds en plein hiver. Le système était
donc populaire tant chez les soldats militaires de l'armée que sur le marché
civil.
Les nombreuses variantes produites par S&W en divers calibres entre les premiers
modèles en .44 simple action, les Schofield en .45 Long Colt et les DA
"Perfected Model" précédant les revolvers "hand ejector" à barillet basculant,
ont inspiré de nombreux armuriers européens, mais surtout liégeois et espagnols,
qui ont conjugué le système et ses variantes à toutes les sauces et dans des
degrés de qualité allant de la quincaillerie au bijou de luxe suivant le compte
en banque du commanditaire. La quincaillerie de bas étage était bien entendu
également disponible dans les antres glauques de la Passe de Khyber.
Je dirais que le revolver présenté s'inspire des séries civiles en .32 et .38 DA
et reprend au moins une des caractéristiques de la série des .38 "Safety
Hammerless", à savoir le chien intérieur, mais sans la caractéristique "sûreté
de poignée" de l'original (qui lui a valu le sobriquet de "lemon squeeze" chez
les utilisateurs américains), et avec la (bizarre ?) détente repliable prévue
pour deux doigts au lieu de la classique détente sous pontet. Il n'a aussi qu'un
seul ressort au lieu de deux, et la crosse en bec-de-corbin est également
différente de celle des originaux.
Le chien intérieur signifie bien entendu que cette arme ne peut tirer qu'en
double action. Outre le chien intérieur, le canon plutôt court indique une arme
de poche relativement facile à cacher et plutôt destinée au marché civil. Ce
canon court se retrouve également sur certaines variantes standard des S&W
précédant le Safety Hammerless.
Ce n'est pas une "bête copie", mais un bon revolver liégeois inspiré par une
mode de l'époque.
Datation approximative: les Safety Hammerless de S&W sont apparus en 1887 et ont
été produits jusqu'en 1940 à plus de 260.000 exemplaires.
Au vu des poinçons pré-1893 du BE, je pense donc que cette arme a été fabriquée
entre 1887 et 1893, ce qui me semble relativement précis quand même. Elle
pourrait évidemment avoir été produite plus tôt, si le fabricant liégeois a eu
l'idée du chien intérieur avant l'apparition du modèle chez S&W - mais je
pencherais plutôt pour une simplification (et donc une amélioration) du système
de sécurité original grâce au ressort à trois fonctions commandant le tir, le
rappel de détente ET le rebondissement du chien, bien meilleur marché et tout
aussi efficace que le système tarabiscoté et fragile de S&W. »
Les marquages
2298 : sans doute un numéro de fabrication
ELG sur étoile dans ovale : acceptation, en usage entre 1846 et 1893
D sous étoile :
contremarque d’un contrôleur, en usage entre
1877 et 1968
Quant aux lettres sur la carcasse sous la plaquette droite, un autre membre de l’équipe les rattache à "J. M. DERY".
Voici le résultat de ses recherches
Un site de généalogie a permis d’en savoir un peu plus : Jean Michel DERY -
Fabricant en armes
Né le 16 août 1849 à Wandre
Marié le 9 novembre 1883, à Wandre, avec Marie Elisabeth D'HEURE
Cela permet de le relier à M. Dery-D’Heur (sans doute son fils, avec un « e » en
moins), inscrit au Banc d’épreuves de Liège entre 1899 et 1919, etc. figurant
page 71 du « Qui est qui de l’armurerie liégeoise ». »
GP avec l’aide de MC et PHL.