Copie Smith & Wesson marquée "M"
Il s'agit sans aucun doute d'une fabrication liégeoise, mais le canon, sa charnière et son système de fermeture sont ABSOLUMENT identiques (et sans doute interchangeables) au canon du Smith&Wesson n° 2 Army.
A Ciney j'avais dans mon étalage un S&W n° 2, et avec Alain nous avons comparé, c'est surprenant.
On serait tenté de l'appeler un "S&W amélioré": une crosse plus préhensible et confortable grâce à son busc, et un bâti fortement renforcé au niveau de la charnière de canon. C'est le second exemplaire que je vois, et le premier était sans doute un hybride, parce que son canon comportait les marquages S&W qui me semblaient originaux. Personne ne semblait d'ailleurs en mesure de l'identifier non plus.
A première vue, on jurerait que le fabricant s'est appliqué à réaliser un bon bâti plus solide que celui du S&W, une crosse mieux dessinée et plus préhensible, et puis qu'il s'est contenté de monter un canon standard de S&W n° 2 sur l'ensemble.
Le canon du revolver d'Alain porte le nom d'un distributeur français, ce qui ne nous avance pas plus. Le revolver est bel et bien éprouvé à Liège.
Le premier exemplaire de cette arme que j'aie vu (en photos) était identique à celui d'Alain, mais il avait sur le canon les marquages classiques du S&W n° 2, ce qui m'a immédiatement fait penser à un hybride, évidemment. En d'autres termes, un revolver de notre mystérieux fabricant liégeois dont le canon avait été perdu, et simplement remplacé par un canon de S&W, ce qui semble confirmer que les deux armes ait un canon identique. Le propriétaire de cette arme n'avait pas pu identifier le fabricant non plus, son arme ayant été repolie et les logos effacés.
Mais pour autant que je sache et sauf erreur de ma part si je ne m'abuse, S&W n'a jamais livré à Liège de canons de revolvers seuls et n'avait avec personne de contrat ou d'accord pour faire monter ces canons sur d'autres armes. Je ne trouve en tout cas aucune trace d'une quelconque entente à ce sujet entre S&W et l'un ou l'autre armurier liégeois dans les livres de Roy Jinks. Il semblerait même que S&W ne se soient jamais vraiment préoccupés des aléas des industries armurières européennes. Lorsqu'ils ont sorti leur 3rd Model, ils ont eu de juteux contrats avec les Russes et les Turcs, et ça semblait leur suffire.
Ils étaient très agressifs envers les moines-copistes sur le continent américain, mais apparemment très peu intéressés par ce qui se passait ailleurs.
La corollaire semble donc également vraie, à savoir que S&W ne semblent pas avoir pris ombrage du fait qu'un armurier liégeois ait pondu une "version améliorée" d'un de leurs premiers modèles de revolvers, sans doute sans leur demander leur avis.
Mais tout ça ne nous avance pas. Tout ce qu'on sait jusqu'ici, c'est que cet armurier liégeois non identifié a fabriqué au moins deux exemplaires de ce revolver...
Marcel
Collombert L. (ou Colombert) : Arquebusier à Aix-les-Bains (Savoir) en 1860-1894 - Collombet Fils vers 1900.
@rmitiés
Merci à Guy pour la recherche au sujet des copies S&W
Un autre revolver similaire !
C'est exactement ça. Celui que j'avais vu n'était pas gravé, mais avait les mêmes marquages S&W sur le canon. Le nom de "Minette" pourrait être celui du fabricant, mais aussi du propriétaire, non ? En général les fabricants signaient plus petit, et ajoutaient souvent "Breveté", ou me trompe-je ? En tout cas il n'y a pas ce nom dans le KIKI.
Tu remarques que celui de Horst a été éprouvé entre 1877 et 1893, et qu'apparemment les marquages S&W ne constituaient pas un obstacle légal.
Ces derniers n'avaient pas déposé de brevet en Belgique, mais quand même, ici le gars ne s'est pas gêné pour carrément copier leurs marquages entiers, et non pas marquer "S&W Breveté" comme ils faisaient pour les copies de Colt. Je me demande si sur cette base S&W n'aurait pas pu entamer des poursuites en Belgique; mais à ma connaissance ils ne l'ont jamais fait.Je ne pense pas non plus qu'ils aient autorisé l'un ou l'autre fabricant belge à utiliser leur nom "sous licence".
C'est quand même curieux, car S&W exportait pas mal vers l'Europe, et les copies belges et espagnoles leur ont bouffé une bonne part de marché. Vers 1878 ils avaient de sérieux problèmes financiers.
Ils poursuivaient sans pitié tout copieur américain, et avant de sortir une nouveauté ils faisaient une étude approfondie du marché, pour être sûrs de ne pas marcher eux-mêmes sur les plates-bandes des autres, mais apparemment ils ne se sont pas rendus compte du danger de la concurrence européenne.
En tout cas, en voilà déjà trois de ces machins bizarres.
Marcel
Merci à Horst Held pour les photos