Yturrioz y Echeverria
La question était : "Pourquoi pas de poinçons ?"
¿As tu déjà essayé de faire entendre raison a un basque ????
Eh bien ici il a fallu une dictature, et encore... Têtus comme des mules.
Non, sérieux. De la trentaine de revolvers du type Lefaucheux qui sont passés par mes mains, certains en état lamentable, d'autres paraissant être sortis d'usine hier, les 3/4 N'ONT PAS DE POINÇONS !!!!!
Presque tous portent un même numéro sur toutes les pièces, le numéro de montage des pièces du puzzle.
Près de la moitié ne portent même pas le nom du fabricant, et tu me demandes "pourquoi pas de poinçons ? "
Très simple. c'est une question de sous, ni plus ni moins. Apposer un poinçon "officiel" coûtait de l'argent et obligeait le fabricant à une certaine qualité, qu'ils n'étaient pas en état de produire.
Il y a eu aussi tout un tas de poinçons "bidon", juste pour leurrer l'acheteur.
Un exemple: ceux que je t'ai envoyé l'autre jour sont atypiques. Le P couronné n'est pas le même que celui de ta Sharp Sooter, qui est bien de Arrizabalaga. Ce P couronné disais-je, correspond à la fabrique d'armes de Placencia, au pays Basque. MAIS, et c'est là qu'intervient le mystère, cette usine de Placencia ne produisait que des armes pour les militaires, notamment des 1858. Parfois, ils sous traitaient la fabrication des canons avec un trust qui s'appelait "Reales Fábricas de Bizcaya", et qui signait ses canons avec un poinçon composé, où apparaissait le B couronné à 3 pointes (Je t'envoie tout ça pour que tu te fasses une idée).
A gauche le calibre 7, 9 ou 12 mm, au centre un ovale avec un R, un espèce de X qui rappelle le blason de Eibar, et à droite le B couronné â 3 pointes (important les pointes pour les distinguer).
Il existe aussi un autre marquage, que je te place en dessous, semblable, mais pas identique.
Cette fois, c'est un P, signe pour "pistola", semble-t-il, bien que le calibre me semble gros pour un pistolet.
A moins que ce ne soit une "garrucha" à 2 canons , en Lefaucheux, qui tirait de grosses cartouches genre de chasse.
Bien, l'autre marquage du petit revolver était un FA... La lettre manquante est P " Fabrica de Armas de Placencia"
¿Que faisait un revolver d'usage évidemment civil, avec des poinçons d'une usine à fins militaires?
On ne peut qu'élucubrer, et le secret est parti à la tombe avec l'auteur. C'est un peu comme si j'avais une usine qui fabrique des pistolets auto, par exemple, et que pour les vendre mieux, je paye à un ouvrier armurier de Liège, de la FN pour qu'il "fauche" pendant X temps un jeu de poinçons, je les applique sur le maximum d'armes de ma fabrication, je le rends et la vente est assurée...... Quelque chose comme ça.
C'est ce que je te disais qu'il n'y a pas plus têtu qu'un basque surtout pour tourner la loi.
Calvó lui même m'a dit que c'est inutile d'essayer de chercher, parce que tout est terriblement emmêlé.
Le fait est que tu as un très beau Lefaucheux double action, en 12 mm si je ne me trompe pas, ou en 9 sinon.
Yturrioz fonctionnait comme usine d'armes aux alentours des années 1870-1880. Il fabriquait surtout des Lefaucheux et les plus connus et datés le sont de l'année 1875, mais aussi des sabres pour l'armée.
Pour t'en dire un peu plus sur les Lefaucheux civils de Eibar, les meilleurs proviennent de la "Fabrica de Durango" qui fabriquait aussi en sous traitance pour Placencia des 1858. Parfois marqués, parfois non. Mais une énorme majorité de leurs armes portent sur le dos du canon "FABRICA DE DURANGO", sur les mieux conservés, les lettres sont dorées, sur les autres tout s'est effacé avec le temps. D'autres portent sur le tonnerre gauche FABRICA DE DURANGO, et sur le tonnerre droit, le Nº de série (étant destinés aux militaires, c'était obligatoire) mais pas de poinçons de ceci ou cela.
Fabrica de Durango était gérée par la société "Guerediaga, Astola y Comp.", qui avait acheté en 1868 l'usine à "Riera, López y Comp". Dans les années 1866-67, Durango produisit les 1500 revolvers Kerr Md 1864 de Marine, commandés par la Marine et construits sous la supervision de l'artilleur Félix Llanos de la Torre. Ces revolvers furent marqués aussi "Fábrica de Durango". Te dire aussi que ce fut la seule usine espagnole qui fabrica les revolvers "Chamelot-Delvigne", marqués eux aussi "Fábrica de durango".
Voilà, une petite page d'histoire.....
Ne te fais pas tant de soucis pour les poinçons, surtout sur les Lefaucheux, moi j'ai renoncé il y a longtemps.
Au fait, que penses tu de mon Oviedo mod 1863, daté en 1867, Nº 1751. Celui là n'est pas cuit à point n'est ce pas?
Et bien il a une sacrée histoire. Il m'a été aimablement donné par la veuve d'un officier de Marine, fils et petit fils d'officiers de Marine. Ce revolver a fait la guerre de Cuba contre les Etats Unis, et en est revenu.
Il a servi dans diverses campagnes au Maroc et au Rif. Puis, dépassé techniquement, il a été remplacé. Mais l'officier en question l'avait gardé en souvenir. Il a quelques points de rouille, mais il n'est pas mal du tout. Il me faut maintenant un 1858 fabriqué à Oviedo, dans ma ville, tout près de chez moi. Je cherche aussi un Kerr, car il s'en est fabriqué ou plutôt refait et amélioré ici, à l'usine arsenal de Oviedo. J'ai malheureusement laissé s'échapper l'Adams dont je t'avais envoyé des photos. Je l'ai eu en main, et il semble que le chien est l'original, mais un imbécile lui a fait quelque chose, mais quand et pourquoi.... Il a de même raccourci le percuteur (?) Je m'en veux un peu de l'avoir laissé échapper....
Comme tu vois, Oviedo n'a rien à voir avec Liège, mais c'est quand même un centre armurier reconnu.
Et actuellement, General Dynamics a acheté une partie de l'usine, et s'y fabrique en grand secret les carcasses de plusieurs véhicules blindés pour les USA. De fait, les carcasses finies ne sortent que la nuit, en camions bâchés sans marques et escortés par la Guardia Civil jusqu'au port de Gijón, à 35 Km, pour être finis ailleurs, à Sevilla, je crois.
Roberto