Un Revolver British Bull Dog, qu’est-ce que c’est ?
Pour le collectionneur, l’un des réels problèmes de cette catégorie de
revolvers réside en l’absence de définition précise de la terminologie «
British Bull Dog ». Les experts s’accordent à dire que le terme est
apparu en Belgique lorsque les armuriers liégeois commencèrent à copier
les armes de Webley, lequel aurait plus tard repris à son compte
l’appellation.
Table des matières :
B. Les dérivés
B1. Revolver Puppy
B2. American Bull Dog
B3. Belgian Bull Dog
B4. Revolvelo
C. Les impropres
C1. Revolver Royal Irish Constabulary (RIC)
C2. Revolver Bossu (ou Hammerless)
C3. Revolver Renforcé
C4. Revolver Velodog
C5. Revolver Explorateur C6. Revolver
Type Lefaucheux C7. Der(r)inger
de gros calibre D.
Le Bulldog moderne de Charter Arms
A.
Concept initial et design des vrais British Bull Dogs
Les poivrières et Der(r)ingers sont dépassés en capacité, les Lefaucheux
et revolvers à percussion annulaire en puissance et en robustesse. Le
seul progrès net d’un revolver moderne sur les Bull Dogs consiste en
l’invention du barillet basculant disposant d’un dispositif d’extraction
simultanée des étuis vides. Ceci étant, et même si ce dispositif
facilite et accélère le déchargement et le rechargement de l’arme, il
faut se souvenir qu’en usage purement civil il est rarissime d’avoir à
recharger rapidement un revolver ! Le bourgeois ou même l’aventurier
muni d’une paire de Bull Dogs en calibre 450 pouvait raisonnablement
faire face à la plupart des situations de la vie quotidienne.
Néanmoins, il n’y a pas de brevet spécifique ni de marque déposée qui
protège le terme Bull Dog, ce qui a permis nombre de digressions et
variantes autour du concept initial. Une large confusion découle de
cette absence de définition claire, que nous proposons de préciser ici.
Le terme Bull Dog peut être absent, ou marqué en un seul mot (Bulldog),
deux mots (Bull Dog comme sur les Webley), ou avec un trait
d’union (Bull-Dog). L’acception pleine du terme doit, selon nous, être
réservée aux armes répondant stricto sensu au design initial de Webley,
dont les caractéristiques principales sont rappelées ci-dessous :
1. Revolver compact, d’allure ramassée et de petite taille, à canon
court, typiquement de 2 pouces 1/2. Les der(r)ingers et diverses
poivrières ne peuvent donc être qualifiés de Bull Dogs.
2. Carcasse fermée et canon en une seule pièce, non ouvrante ni
démontable. Ce critère exclut tous les revolvers à carcasse ouverte ou
ouvrante, comme ceux à brisure vers le haut (genre tip-up type SW N°1)
ou vers le bas (SW N°3 par exemple), ainsi que les systèmes démontables
(type Galand Mignon ou Tue-Tue par exemple), ainsi que les armes à
barillet basculant.
3. Système d’éjection par une tige montée sur fléau et insérée dans
l’axe du barillet amovible (lequel peut être plein, flûté ou cannelé en
ovales). Ce critère exclut tous les systèmes à éjection simultanée.
4. Portière de chargement généralement placée à droite de la carcasse,
et basculant soit vers la droite, soit plus rarement vers l’arrière (à
l’instar des revolvers d’ordonnance type Chamelot Delvigne).
5. Poignée en bec d’oiseau, avec ou sans busc, et dotée de deux
plaquettes vissées. Ce critère exclut les armes à poignée carrée (par
exemple Webley RIC).
6. Revolver fonctionnant en simple et double action, avec une sûreté par
cran de demi-armé ou par mécanisme rebondissant.
7. Détente montée sous pontet, ce qui exclut toutes les variantes à
détente encastrable, amovible, en anneau ou à la Mexicaine.
8. Chien apparent, ce qui élimine les revolvers à chien caréné
(hammerless ou bossus).
9. Revolver de gros calibre, égal ou supérieur à 10mm en percussion
centrale ou annulaire à poudre noire (41 RF, 44, 442, 450, 11mm, 12mm).
Les armes de calibres égaux ou inférieurs au 380 seront appelés Puppies,
et les revolvers à broche qualifiés de « système Lefaucheux ».
Rappelons que même si Webley lui-même produisit des petits revolvers N°2
en calibres 380 et 320, ceux-ci ne furent jamais dotés de l’inscription
British Bull Dog (voir la publicité suivante où seul l’exemplaire en
calibre 450 porte la mention British Bull Dog).
Les revolvers British Bull Dogs furent produits essentiellement à Birmingham et Liège. Un exemple typique de la production britannique est représenté sur la photo suivante.
B.
Les dérivés Les en-têtes de chaque sous-chapitre proposent la terminologie la plus appropriée pour chaque catégorie.
B1. Revolver Puppy Revolver remplissant l’ensemble des critères à l’exception du calibre inférieur à 10mm, le plus souvent calibres européens 380 et 320.
B2. American Bull Dog
Les variantes des USA respectent l’appellation si l’on fait une
exception pour le système simplifié de démontage du barillet (tige non
montée sur fléau). Généralement en calibres américains 44, 38 et 32.
B3. Belgian Bull Dog Revolver de poche inspiré du design des British Bull Dogs à l’exception de l’absence d’un pontet et de la présence d’une détente encastrable ou repliable. Ces armes sont le plus souvent chambrées en petit calibre, mais peuvent également se trouver en gros calibre (11mm73 ou 450). Très majoritairement conçus et fabriqués à Liège, d’où la proposition d’appellation Belgian Bull Dog.
B4. Revolvelo
C.
Les impropres C1. Revolver Royal Irish Constabulary (RIC)
C2. Revolver Bossu (ou Hammerless)
On préfèrera l’appellation « Bossu » plutôt que celle d’Hammerless,
cette dernière laissant supposer une absence de chien…Lequel est
évidemment présent mais caréné dans ce type d’arme ! Généralement, mais
pas exclusivement, en petit calibre, avec détente encastrable.
C3. Revolver Renforcé
C4. Revolver Velodog
À ne pas confondre avec les petits pistolets mono-coups dits « de
cycliste » mais parfois aussi appelés vélodogs.
C5. Revolver Explorateur
C6. Revolver Type Lefaucheux
C7. Der(r)inger de gros calibres
D.
Le Bull Dog moderne de Charter Arms
La compagnie américaine Charter Arms fondée en 1964 a introduit en 1973
un splendide revolver baptisé Bulldog (en un seul mot), en reprenant et
modernisant les objectifs de Webley avec son N°2, à savoir de combiner
compacité, efficacité et puissance. Le choix du calibre 44 Special se
justifie pleinement dans ce contexte ! Cette arme bénéficie de tous les
développements modernes : 5 coups, double action, canon typiquement de
2,5 à 3 pouces, barillet basculant, extracteur collectif, finition et
robustesse impeccables.
Le Charter Bulldog est décliné en plusieurs finitions (standard, commémoratifs, version target, longueur du canon, matière de la poignée, etc).
Une anecdote pour les cinéphiles : c’est un Charter Bulldog qui a servi
à l’élaboration du célèbre Blaster de Rick Deckard (joué par Harrison
Ford) dans Blade Runner, l’inoubliable chef-d’oeuvre de Ridley Scott en
1982.
Le Charter Bulldog y fut habillé par des pièces de Steyr Mannlicher en calibre 222 modèle SL pour obtenir l’arme vue dans le film.
Pour en savoir plus sur le Bulldog de Charter Arms : http://www.americancowboychronicles.com/search?q=charter+arms
Jean-Christophe Plaquevent |