Les plus belles réalisations de cet artisan, et bien d’autres encore, se trouvent dans le livre "Les armuriers Liégeois à travers leurs réalisation.
1800 - 1950".
Pour tous les détails voir : LES ARMURIERS LIEGEOIS
PIRE Jules & Cie
Voici un revolver saxon modèle 1873, copie « améliorée » d’un Smith & Wesson modèle ½ et modèle 2 dit d’armée, reconditionné à la fin du XIXe siècle et revendu par la maison anversoise Jules PIRE déjà évoquée sur le site.
Le hasard fait parfois/souvent bien les choses : un tel revolver saxon a fait l’objet d’un article très fouillé paru dans la Gazette des Armes n°422 en 2010 sous la plume de notre ami Dirk Ziesing.
En voici un résumé pour ceux qui n’ont pas ce numéro.
Dès la naissance de l’Empire allemand en 1871, tous les anciens Etats furent obligés d’adopter un armement commun. Mais l’ex-royaume de Saxe passa outre et décida en 1873 d’adopter un revolver réglementaire à cartouche métallique (à percussion annulaire). On sait que ce n’est qu’en 1879 que fut adopté le Reichrevolver sous la férule de la Prusse.
La Saxe avait déjà adopté pendant la guerre franco-prussienne de 1870-1871 pour sa gendarmerie un petit revolver à percussion de la firme américaine Sharps (en calibre .25 …), arme peu connue qui avait un grand air de famille avec les revolvers Smith & Wesson à canon basculant vers le haut (mais on n’a pas trouvé trace d’une collaboration entre les deux firmes).
En 1873, elle adopte donc le revolver qui nous occupe pour l’équipement des troupes montées de la cavalerie et de l’artillerie et elle passe une commande de 4.000 exemplaires à un certain Friedrich Wilhelm Ludwig, un marchand de ferronnerie établi à Dresde. Une deuxième commande de 2.050 exemplaires sera passée dans les années 1880 mais ils aboutiront dans un dépôt sans avoir été distribués.
Il est quasi certain que ces revolvers ont été fabriqués par la firme de Valentin Friedrich Langenham établie au centre armurier de Zella-St Blasii, actuellement Zella-Mehlis (dans l’ancienne Allemagne de l’Est). Cette société a aussi fabriqué des vélos (Meteor), des pistolets de tir de haute qualité, des pistolets semi-automatiques en calibre 6,35 et 7,65 Browning, etc.
Il faut donc faire basculer le canon pour dégager le barillet et faire sortir les douilles, éventuellement via la tige sous le canon.
L’ "amélioration" évoquée en introduction concerne une sûreté derrière le chien qui fait glisser un petit tenon à l’arrière du chien afin de le bloquer.
A l’origine, la cartouche était à percussion annulaire, de l’ordre de .442, environ 11mm. Ce qui explique pourquoi ce revolver est plus grand que les modèles "originaux" en calibre 32.
Dès 1874, on transforma les revolvers (modification du chien) afin qu’ils puissent tirer une cartouche à percussion centrale, un peu plus grande, entraînant un alésage des chambres du barillet à 11,95 mm. De plus, le barillet, lisse à l’origine, reçut des cannelures.
Inutile de chercher des munitions originales : les cartouches annulaires ont été recyclées, les cartouches à percussion centrale sont dépourvues de marquages, ce qui rend leur identification "difficile"…
Le revolver 1873 fut remplacé par le Reichrevolver 1879.
La Saxe revendit en 1892 3.932 revolvers 1873 et 188.000 cartouches à la firme Haenel, qui en revendit en Belgique, notamment à la firme anversoise Jules Pire. Ces armes sont passées par le Banc d’Epreuves de Liège (ELG sur étoile dans ovale couronné). Certaines ont été repolies et bronzées, comme l’exemplaire qui nous occupe. Il a aussi reçu des nouvelles plaquettes et, sur le canon, la mention J. PIRE & C° ANVERS. Quant à la munition qu’il pouvait tirer, Dirk Ziesing évoque le .442 ou le 11 mm du revolver 1873 français, mais pas le .450.
Les très bons yeux d’un membre de l’équipe ont remarqué la présence d’une petite vis sous le prolongement de l’axe du canon de l’arme sous revue. Elle est aussi présente de l’exemplaire évoqué dans la GDA. Cette vis sert à fixer la baguette d’éjection. Un autre membre de l’équipe a trouvé qu’elle est déjà présente sur les S&W modèle 1 3° issue et les 1 1/2, cf :
A noter enfin que les archives saxonnes mentionnent l’existence d’une baguette d’éjection des douilles portée séparément, mais aucun exemplaire n’est connu.
Le marquage sur le dos de la poignée 2778 AM XII 47 pourrait être : numéro de fabrication 2.778, Artillerie Munitionskolonne du XIIIe corps d’armée, numéro 47.
Quant à l’étui présenté avec l’arme sous revue, je penche pour une origine britannique (Webley 455 ?).
GP avec l’aide de HPH, DZ, MC et Chris.
Voilà la fameuse vis !